Parlons franchement. Vous êtes-vous déjà rendu sur un moteur de recherche et tapé « revue Limite » ? Les résultats sont stupéfiants. Un quotidien de l’affairiste Patrick Drahi nous qualifie à plusieurs reprises de « revue conservatrice », « proche de la droite de la droite », « néo-réactionnaire ». D’autres journaux nous rangent parmi les « mensuels ultra-cathos », d’autres nous prétendent « rouges-bruns ». Vous, chers abonnés qui savez quels combats sont les nôtres, nous écrivez souvent pour comprendre d’où vient ce malentendu, qui fait rire autant qu’il agace.

La chose est simple: nous nous sommes toujours définis positivement, c’est-à-dire en forgeant des concepts, en soutenant les causes qui nous semblent justes, en nous rattachant à des courants de pensées qui débordent les petits prés carrés de « la gauche » ou de « la droite ». Jamais en niant être ceci ou cela. Nous sommes héritiers du christianisme social d’un Ozanam et d’une Dorothy Day, de l’écologie prophétique d’un Lanza del Vasto, du personnalisme technocritique d’un Jacques Ellul, du distributisme d’un Chesterton, du syndicalisme d’une Simone Weil. Chacune de nos pages en témoigne. Le reste est pur fantasme. Car enfin, les nationalistes ouvrent-ils des Biocoop ? Les identitaires accueillent-ils des réfugiés dans leur jardin? Et la droite, qu’elle soit « libérale » ou « conservatrice », appelle-t-elle ses partisans à manifester pour le climat ou à lutter pour maintenir des grèves? Redisons-le ici: Limite est d’abord et avant tout en faveur de la décroissance et en lutte pour la justice sociale. Dissiper ces malentendus, ça n’est pas « donner des gages », c’est « prendre parti ».

« Limite est d’abord et avant tout en faveur de la décroissance et en lutte pour la justice sociale. »

Au fond, qu’est-ce que Limite ? Pas seulement une revue : une expérience, une amitié, un collectif qui entend relever les défis de notre temps, avec la sobriété comme boussole. Statutairement, Limite est une association fondée en avril 2015 qui a pour objet de promouvoir l’écologie intégrale par tous les moyens de la culture. De ce fait, nous aidons des moutons à trouver des bergers, des abeilles des apiculteurs, des enfants des écoles alternatives… des banquiers à devenir maraîchers! Et puis nous avons créé, entre autres projets, un club de foot, une compagnie de théâtre, une école.

Redisons-le aussi: notre activité repose principalement sur le bénévolat. Derrière un directeur salarié, une cinquantaine de bénévoles sont déjà passés par l’association. C’est l’occasion de les remercier solennellement pour leur dévouement. Coller des timbres, passer la serpillière, retranscrire un entretien, tenir des stands, partir en reportage, répondre aux courriels, animer des ateliers à Toulouse, Bruxelles, Chantemerle-les-Blés: tout le monde met la main à la pâte et c’est ça qui nous anime! Créer des liens, forger un esprit communautaire, une fraternité. Une famille, en somme! Une famille dont vous tous, nos chers deux mille abonnés et notre (non moins cher) millier de lecteurs en librairie, êtes partie prenante. Mieux encore: une maison commune ! Aidez-nous à faire en sorte qu’elle s’agrandisse, on apprendra à se serrer!

Paul Piccarreta