Salut, ça gaze ? Le grand dossier du dernier numéro de Limite est consacré au climat, dans ses dimensions gazeuses, économiques, humaines et animales.

Illustration de Charlotte Guitard

Une consultation des Nations Unies sur le changement climatique adressée à plus d’un million d’humains et publiée en janvier 2021 montre que 77 % des Français croient en l’urgence climatique et que 73 % d’entre eux pensent qu’il faudrait « faire tout ce qui est nécessaire et urgent » pour répondre à cette menace. En quelques années, des questionnements réservés à une poignée de militants et d’intellectuels ont infusé dans toute la société, et un réel consensus semble se dégager sur la question du réchauffement climatique.

Malgré cette prise de conscience, les mesures se font attendre. Après avoir promis pendant la campagne électorale de 2017 qu’il ne fallait pas « des petites mesures mais de grands changements », Emmanuel Macron a déçu ceux qui avaient eu le malheur de croire dans ses promesses de pragmatisme écologique. La loi votée par sa majorité début mai ne comporte aucune mesure de rupture, en décalage complet avec les propositions courageuses de la Convention Citoyenne pour le Climat. En ménageant la chèvre et le chou pour sauver les intérêts économiques, tout en insistant sur la protection de l’environnement, à laquelle la population est de plus en plus sensible, les politiques déçoivent.

Si la question climatique infuse, portée sur la scène médiatique par une jeune génération vindicative, elle est aussi devenue le principal levier d’éco-blanchiment. Le système capitaliste a compris l’intérêt qu’il aurait à détourner la lutte. Dans l’agriculture, pour pallier au manque d’eau, une partie de la profession promeut le développement de zones de stockage, pour éviter de remettre en cause un système intensif qui montre ses limites. Comme si la technique pouvait affranchir de la sécheresse. De leur côté, de plus en plus d’industriels justifient des projets détruisant la biodiversité et maltraitant la terre et ses habitants par leur « bilan carbone neutre » et une prétendue réduction des gaz à effet de serre. Le journaliste scientifique Stéphane Foucart a récemment alerté dans Le Monde sur l’apparition d’un « biodiversité-scepticisme », y compris dans certains milieux scientifiques.

La question climatique, sa réalité criante, ses effets perceptibles dans chaque coin du monde et l’attitude des sociétés à son égard, c’est le large terrain d’investigation que la rédaction s’est fixée pour ce dossier. Si la question climatique doit mobiliser, son instrumentalisation par des politiques ou industriels peu scrupuleux rappelle l’importance du projet d’écologie intégrale défendu par Limite. Dans le vignoble chinonais et dans les pâtures du Limousin, sous un champ d’éoliennes, au sommet des glaciers et au milieu des océans ainsi qu’à la tribune de l’ONU, la réponse aux impératifs climatiques ne peut que s’accompagner d’une réflexion sur les autres déséquilibres écologiques, et sur les crises sociales qu’ils génèrent. Sans quoi, toute tentative de réponse serait vaine.

Retrouvez le dossier climat dans notre dernier numéro. Le numéro 23 est à commander dans toutes les bonnes librairies ou en ligne sur le site de notre éditeur. Si vous aimez Limite, qu’attendez-vous pour vous abonner ?