Deux cents. A l’Université d’été de la Sainte-Baume, organisée par le diocèse de Fréjus, c’est le nombre de personnes qui ont assisté à la très médiatisée table ronde à laquelle participait Marion Maréchal Le Pen. Dont quarante journalistes ; certains parmi eux se sont empressé de titrer: « l’Église catholique ne tourne plus le dos au Front National ».

Deux mille. C’est le nombre de personnes qui ont assisté aux Assises chrétiennes de l’écologie à Saint-Etienne. Personne pour « courtiser » l’Eglise. On a bien applaudi Patrice de Plunkett, Dominique Lang, ou encore le Cardinal Barbarin qui a répété, comme en juin au journal La Vie, qu’il était réconcilié avec le mot décroissance car « moins » (de matériel, d’argent…) pouvait être « plus » (d’humanité, de spiritualité, de charité).

Mais si on en croit Le Monde et le reste de la médiasphère, rien de tout cela n’est arrivé.  Ils n’étaient pas là, « les catholiques ».

L’Eglise qu’on veut voir, et celle qu’on ignore

Les faits :  Une université d’été catholique et un évêque ont choisi, sans prétention à l’universalité, de donner la parole à une personne du FN qui se revendique catholique. Un petit nombre de personnes est venu l’écouter.  Bien sûr, la compatibilité que revendique le FN, par la voix de Marion Maréchal-Le Pen, avec « la ligne » catholique interroge comme nulle autre. Et était-ce alors le bon moment de tendre le micro aux chantres des frontières fermées ?

L’autre demeure de la maison du Père qui se tenait ces jours-là à Saint-Etienne n’intéressait personne. Constater l’existence d’une Église en dehors du Grand Jeu des partis politiques, appelant à la simplicité, à l’humilité et au partage, un Église soucieuse du faible et du pauvre, de toute Création, c’en était trop. « L’Eglise ne tourne plus le dos à la décroissance » eût il été un titre abusif ? Nous avons pourtant  vu à St Etienne des rencontres entre habitants d’éco-hameaux, apiculteurs bio, théologiens, frères franciscains, scouts catholiques ou protestants et militants d’ATTAC. Nous avons vu un foisonnement d’initiatives aussi peu aseptisées qu’une fourme d’Ambert aux artusons. Nous avons vu se regrouper des nouveaux venus de l’écologie et des vieux routards de l’écologie de terrain. Et tout cela, s’il vous plaît, sous l’égide d’une encyclique.

Quelle importance, quand on n’a qu’une idée en tête : remâcher le cliché d’une Église rance et repliée. Mais à force de s’enfermer dans ses propres poncifs, fussent-ils souverains, on finit par s’y asphyxier soi-même.