« Le printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes françaises », annonçait le CNRS en mars dernier dans un nouveau rapport alarmant. L’un de ses auteurs, le biologiste Vincent Bretagnolle, nous en dit plus sur les causes et les conséquences de cet effondrement.

Pouvez-vous nous faire un rapide diagnostic de l’état de la biodiversité en milieu agricole ?

Depuis 25 ans, le CNRS et le Muséum d’Histoire naturelle collectent des séries de données sur l’abondance des oiseaux des milieux agricoles et depuis 25 ans nous voyons un déclin constant. Si nous avons choisi de communiquer davantage cette année, c’est pour deux raisons. La première, c’est que les données que nous collectons de manière indépendante – le Muséum au niveau national, le CNRS au niveau local, autour de notre centre de Chizé (Deux-Sèvres) – convergent presque à la virgule près, au pourcentage près dans le cas de l’alouette des champs. Nos séries se confirmaient donc réciproquement. Et l’autre raison, c’est que depuis 3 à 5 ans ce déclin s’est encore accéléré. 2018 a été pire que 2017 dans les secteurs de plaine agricole que nous suivons.

Comment expliquer ce phénomène ?

Il existe des séries de données comparables dans une trentaine de pays d’Europe. Partout on constate le même déclin. C’est un phénomène général. Au total, on a plus de 13 000 points de suivi des populations d’oiseaux, tous milieux confondus, et on observe des résultats cohérents sur tout ce réseau. Ce que nous avons publié fait suite à des dizaines d’études menées dans tous ces pays et même en Amérique du Nord, des études tantôt globales, tantôt locales, des études comparatives même. C’est ce qui nous permet d’être sûrs de nous sur les causes de ce déclin, qui sont les différentes manifestations de l’agriculture moderne. Nous pointons du doigt le rôle de la PAC. Or tous les pays européens n’y sont pas entrés au même moment ; on peut donc les comparer. Et on constate systématiquement que le déclin commence au moment où ils intègrent la PAC. Ce n’est évidemment pas le seul élément qui nous permet de conclure mais c’est quelque chose de frappant.  (…)

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