Pascal Pellan a été secrétaire général et directeur de la Chambre des métiers et de l’artisanat des Côtes-d’Armor pendant près de trente-cinq ans. Il est à l’initiative de nombreuses innovations telles que Batipole et Véhipole, des centres de formation dans le bâtiment et la mécanique qui allient artisanat et connaissances technologiques, mais aussi les équivalences entre le CAP et les diplômes d’école d’ingénieur. Dans ses nombreux ouvrages, Tant qu’il y aura des artisans, Réussir l’école de tous les talents, Artisanat et travail manuel, les nouveaux contre-pouvoirs, il met l’artisanat et les artisans au centre de sa réflexion. Rencontre. 

Propos recueillis par Camille Rougier

Limite : Formé comme juriste en droit des affaires, vous arrivez dans le monde des métiers manuels : qu’y découvrez-vous ?

Pascal Pellan : Ça a été pour moi une révélation, et ça a peut-être décidé le sens d’un combat : aider à mieux faire prendre conscience de toute la valeur du monde artisanal. J’ai eu la chance aussi de pouvoir être intégré dans une structure à un moment où tout était à faire. C’était un secteur qui avait un peu une culture du misérabilisme, qui nourrissait quelques complexes d’exercer un métier manuel. Et l’autre révélation, c’est que l’artisanat est beaucoup moins conservateur qu’on ne le dit, beaucoup moins archaïque qu’on ne le laisse entendre, beaucoup plus moderne qu’on ne le pense. 

Limite : Passer du monde des juristes à celui des métiers manuels, quelles différences ? Est-ce possible de faire un lien entre ces deux univers ? 

Pascal Pellan : Il se trouve des gens qui nous montrent que la frontière entre monde intellectuel et monde manuel est extrêmement mince. Aujourd’hui, la différence entre col bleu et col blanc n’existe plus. D’autre part, on a pu être très caricatural en pensant que, dans un métier, il suffit de prendre un outil et de faire des gestes de répétition, alors que bien souvent il faut penser le travail avant de l’exécuter. Et il y a une espèce d’alchimie qui se produit entre l’esprit et la main qui est le sommet de l’intelligence. 

Limite : Vous insistez sur les différentes intelligences, sur le fait que l’apprentissage est essentiel dans l’artisanat. Quel modèle d’éducation proposez-vous ? 

Pascal Pellan : Voyez-vous, c’est la hiérarchie des intelligences qui pose problème dans notre système éducatif. On a tout un contexte sociétal qui entretient un mépris du travail manuel. Ainsi j’ai été le premier à mettre en place l’apprentissage du CAP au diplôme d’ingénieur. J’ai toujours été contre l’apprentissage à 14 ans : je souhaiterais qu’on aille le plus loin possible dans la culture générale, que l’apprentissage des métiers se fasse un peu plus tard. […]

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