Un site ancien, très grand et en pleine nature : ce sont les critères d’amis de la revue pour leur quête d’un lieu où établir le projet qu’ils mûrissent depuis des années. Rencontre et détails avec Christine et Emeric !

Émeric et Christine, de quel constat est né votre projet Propolis ?

Face aux urgences contemporaines, nous sommes, et beaucoup de jeunes avec nous, déconcertés par un triple discours, qui nous apparaît manichéen et donc contre-productif.

Le premier est qu’il faille choisir entre croissance et décroissance. Or, la croissance, toujours synonyme de production exponentielle de biens et de services pour assurer notre bien-être, voire remédier à nos supposées défaillances en augmentant l’homme et en colonisant l’espace, repose sur des énergies qui ne sont pas renouvelables à l’infini et induit des destructions irrémédiables de la biosphère. La décroissance, de son côté, semble conduire tout droit à l’abstinence énergétique et numérique, au véganisme, à l’interdiction de voyager, en d’autres termes à un serrage magistral de ceinture, voire à la marginalisation sociale.

Le deuxième discours est, soit que le salut collectif dépend de décisions internationales communes, soit que la transformation du monde repose sur la seule mobilisation des individus. Au risque que, dans le premier cas, certains compromis mondiaux anéantissent les progrès des pays vertueux, et, dans le second, que les individus vertueux soient rattrapés par la marche générale du monde et les catastrophes planétaires – extinction d’espèces animales ou végétales, cataclysme climatique, accident nucléaire, etc.

Le troisième discours est que l’impasse serait soit environnementale soit sociétale, alors que nous mesurons combien les décisions sociétales affectent l’évolution environnementale – ce qui est patent depuis les années 1970 – et que nous commençons à percevoir à quel point les dégradations environnementales, accentuées par la mondialisation, commandent déjà d’importantes décisions sociétales, entraînant notamment la restriction des libertés : circulation alternée en cas de pollution urbaine, refoulement des migrants, confinement sanitaire, etc.

Parce que ces discours posent de faux choix, ils mènent à l’attentisme et à l’inaction, ce que nous ne pouvons plus nous permettre.

Que faire alors ?

On l’a compris, les choses ne sont pas simples : trier ses déchets, rouler en voiture électrique ou cultiver son jardin ne suffira pas. Mais il est possible de se frayer un chemin dans la complexité. Loin des discours à l’emporte-pièce et face à l’énorme masse d’information qui circule, nous pensons que chacun, à son niveau, peut fournir un effort de compréhension des phénomènes, de ce qu’un geste posé ici induit à l’autre bout de la planète, et réciproquement. Il pourra alors peu à peu se forger un jugement plus ajusté sur les choses, puis poser des actes plus vertueux envers les autres et la planète, à son échelon personnel, familial, professionnel et citoyen.

Comment cela ?

Pour apporter notre pierre à l’édifice, nous avons décidé de créer en 2019 l’Association Propolis, laïque et reconnue d’intérêt général. Nous l’avons baptisée ainsi du nom de l’étonnante substance que les abeilles produisent pour protéger la ruche, leur polis, que l’on peut allégoriquement comparer à notre planète et notre communauté humaine.

L’objectif est de proposer à cinquante étudiants une formation sur neuf mois, de septembre à mai – qui, à terme, deviendra diplômante – pour leur permettre de mieux comprendre l’interaction des questions environnementales et sociétales. Le cursus sera décliné en douze modules hebdomadaires sur l’environnement (dérèglement climatique, biodiversité, gestion des déchets, etc.) dispensés en alternance avec douze autres modules sur la société (justice sociale, mondialisation, transhumanisme, bioéthique, etc.), le tout inauguré par un module sur le bien commun.

Ce faisant, nous voulons aussi réconcilier le combat pour l’environnement et la défense de l’homme, trop souvent menés séparément en France et contribuer ainsi à réunifier l’écologie.

Par deux, les étudiants se verront confier le sujet d’un de ces modules pour l’approfondir toute l’année. Au mois de juin, ils restitueront les connaissances acquises dans le cadre d’un cycle court d’un mois qui s’adressera à d’autres, qui ne disposeraient pas du temps nécessaire au cycle long.

Ne s’agit-il que d’un projet intellectuel ? Ou comporte-t-il d’autres dimensions ?

Nous concevons Propolis comme s’adressant à la fois à l’esprit, au corps et au cœur. Ainsi, nous diviserons la semaine en trois :

  • Le matin, seront donnés les cours qui mobilisent l’intellect ;
  • Quatre après-midis par semaine, place sera laissée au corps et au cœur, via la culture du potager et du verger en agriculture biologique et la fabrication du pain pour contribuer à alimenter la table commune, à des chantiers d’entretien du site comme le rempiétement de murets en pierre sèche, à des ateliers d’échange de talents entre étudiants, à des activités de sport et de bien-être ;
  • Enfin, un après-midi par semaine sera consacré à la découverte du territoire pour aller à la rencontre de ceux qui le font vivre, afin que les étudiants ne passent pas neuf mois en vase clos et « hors sol », mais ancrés dans un département et une région, dont ils devront découvrir les beautés et les contraintes.

Le fil rouge du cursus sera la vie collective, avec ce qu’elle implique de convivialité et d’enrichissement mutuel, mais aussi d’efforts pour préserver la bonne entente et organiser la vie quotidienne (rangement, service à table, animations, événements, etc.). Les étudiants vivront donc ensemble sur un même site, avec la possibilité de retourner chez eux pour les vacances de Noël et Pâques. Les chambres seront individuelles ou doubles, selon les préférences et les budgets.

Le public ciblé sera composé en majorité d’étudiants en formation initiale, mais il sera aussi ouvert à des actifs en reconversion ou en recherche d’emploi. Des salariés d’entreprise, au titre de la formation continue, seront invités à rejoindre le cursus pour suivre les modules de leur choix. Il en découlera un fertile brassage générationnel.

Au-delà de ce cœur de projet qu’est le centre de formation, nous imaginons des activités complémentaires, principalement deux :

  • La première à caractère social, comme l’accueil de mineurs migrants confiés par l’Aide sociale à l’enfance, pour incarner encore davantage la dimension humaine de l’écologie et faire rempart à l’entre-soi au profit de l’entraide et de l’ouverture à la différence ;
  • La seconde à caractère économique, comme la culture de plantes aromatiques et médicinales, afin de dégager un revenu qui nous affranchisse à moyen terme d’un financement exclusif par mécénat et subventions publiques.

Nous sommes aussi ouverts à collaborer avec d’autres initiatives déjà lancées ou embryonnaires, qui poursuivent les mêmes buts que Propolis, au service d’une écologie pleinement cohérente.  

Où en êtes-vous de la recherche d’un lieu ?

Nous avions le lieu et la formule, selon l’expression de Rimbaud. Entre 2018 et 2021, nous avons en effet étudié la faisabilité de l’implantation de Propolis au cœur de l’ancienne abbaye cistercienne de Bonnecombe, en Aveyron, en y habitant un an et demi. La période a été féconde, avec l’obtention d’un prix et du haut patronage du chef étoilé de l’Aubrac Michel Bras, l’acquisition d’une solide expérience de nettoyage d’un bâti de 15 000 m2, la rencontre de deux cents acteurs publics et privés locaux et nationaux, le tissage d’un réseau de cent quatre-vingt-dix bénévoles. Cependant, en raison de garanties financières finalement jugées insuffisantes, le diocèse de Rodez, propriétaire de l’abbaye, ne nous a pas accordé le bail emphytéotique qui aurait permis de lancer de façon décisive notre projet dans ce site d’exception.

Forts d’une motivation intacte, nous voilà donc aujourd’hui en quête d’un nouveau site pour Propolis, qui corresponde toujours aux caractéristiques initialement recherchées !

À savoir :

  • Un beau site ancien s’inscrivant en pleine nature ;
  • Une surface bâtie habitable de 2 500 m2 minimum ;
  • Une région rurale ;
  • Un lieu accessible par une gare ou une route majeure à moins de 20 kilomètres ;
  • Un bien à acheter ou louer sur une longue durée.

Si donc, vous avez connaissance d’un lieu qui pourrait convenir à Propolis, n’hésitez pas à entrer en lien avec nous ! Émeric et Christine Fisset – tél. 06 98 80 26 09 – contact@associationpropolis.org