« Chez nous, c’est la fête des voisins tous les jours ! » Telle est la devise des Petites Cantines, un réseau non lucratif de cantines de quartier lancé à Lyon. Le but? Réunir autour d’une table et d’un bon repas les habitants bigarrés d’un quartier. Du bio, du local, du convivial, le tout à prix libre, que demande le peuple?

Il est une réalité qui me glace quand je me promène en ville. C’est le visage vide des gens qui mangent seuls, face à la rue ou à un mur, dans certaines enseignes aussi chatoyantes qu’adipeuses. Bien sûr, quand elle est subie, la solitude est toujours triste, mais la voir assumée publiquement, socialement, organisée même, par la disposition des tables et des chaises, me désole particulièrement. Il est vrai que ce n’est là qu’un symptôme d’une maladie de civilisation : 12 % de la population française souffrirait de solitude, plus de cinq millions de nos concitoyens se sentent isolés.

Face à ce fléau, une réponse semble particulièrement prometteuse: Les Petites Cantines. En effet, quoi de mieux qu’un repas pour relier? Un repas qu’on ne se contente pas de consommer, mais qu’on déguste côte-à-côte et qu’on peut même préparer (un adhérent sur six vient cuisiner régulièrement). Pour prendre aux repas dans une des cinq Petites Cantines actuellement ouvertes, une simple adhésion suffit, fondée sur une charte en douze points. Le deuxième en résume bien l’esprit: « Ici, il n’y a pas de clients, il n’y a que des convives. Ce sont les habitants qui s’accueillent les uns les autres. » Les repas sont à prix libres, sachant que, pour rester à l’équilibre, il faut compter 9 euros par personne (« + 1 sourire »!). Système solidaire qui permet à des gens isolés et modestes de partager l’expérience d’un chaleureux repas de famille!

Actuellement bénévole, Capucine a été maîtresse de maison de la première cantine implantée dans un quartier populaire à Lyon et cheffe de projets pour le développement de l’association. Elle nous en explique le fonctionnement quotidien: « Les convives sont accueillis soit à 9h30 le matin, soit à 17h30 le soir, par le maître de maison, le responsable des lieux et garant de l’hygiène sanitaire. Un petit déjeuner ou un goûter d’accueil a lieu pendant 30 minutes environ, chacun se présente en disant ce qu’il veut, même si c’est juste son prénom. On apprend à se tutoyer. Le maître de maison présente le menu du jour ou bien le décide en direct avec les convives en fonction des denrées à disposition. Puis le groupe se lance dans l’élaboration des plats, en faisant ce que chacun a envie de faire : l’entrée, le plat, le dessert, ou un peu de tout ! Ou juste mettre le couvert et préparer la salle, accueillir les personnes qui poussent la porte. On n’est pas obligé de venir cuisiner pour déguster, mais de l’aide est toujours bienvenue pour la vaisselle d’après repas et le rangement! »

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Illustration de Camille Patureau

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Cet extrait est tiré du dossier sur la nourriture du dernier numéro de la revue Limite. Vous pouvez la trouver à la commande en ligne et en librairie !

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