Joseph, souvent relégué à l’arrière-plan au regard du lien unissant Marie et Jésus, a pourtant son public : il est en effet le saint-patron des travailleurs. Une bonne raison, en ce temps de mobilisation sociale, pour découvrir ou redécouvrir cet artisan laborieux et taiseux tel que la tradition l’a décrit. 


On connaît la formule, forgée par des militantes féministes dans les années 70 : « Il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme ». Dans la religion chrétienne, le schéma s’inverse. Car s’il y a plus mystérieux que la Vierge Marie, c’est bien son époux, Joseph. Dans la tradition et les arts, ce dernier est généralement le grand laissé-pour-compte de la Sainte Famille. Pourtant, l’artisan a ses clients. Mieux, ses compagnons, voire, en poussant un peu, ses camarades. En effet, l’Eglise catholique a fait de Joseph le saint patron des travailleurs. Un laissé-pour-compte pour des sans-grade ? Pourquoi pas, au fond. Mais il n’a pas fallu attendre les grandes réformes libérales pour que le charpentier rencontre un surprenant écho à gauche.

L’effacé et fascinant Joseph

Le soir de Noël 1940, Jean-Paul Sartre passe ainsi un sinistre réveillon au stalag XII-D, camp de prisonniers de guerre situé près de Trèves en Allemagne. Grand athée devant l’Eternel, il est pourtant sollicité par d’autres naufragés de la débâcle, quant à eux catholiques, afin qu’il leur écrive une pièce collant au thème de la Nativité. L’écrivain s’exécute et c’est finalement Bariona, une œuvre que, non seulement, il écrit mais qu’il monte et dans laquelle il joue, en ce premier 24 décembre succédant à ce que Marc Bloch appellera une « étrange défaite ». Dans le texte, Joseph remporte quant à lui une étrange victoire. En effet, si le dramaturge choisit de clore son récit de la naissance de Jésus en parlant de lui, c’est avant tout pour mettre en avant son effacement.

[ Cet article est à lire en intégralité dans le 17ème numéro de Limite ]


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