Comment s’organisent les détourneurs de pub? Agissent-ils la nuit ou en plein jour ? Y a-t-il besoin d’une colle spécifique, d’un tournevis particulier? Plutôt pochoir ou dessin au feutre? Marie a passé la journée avec un collectif jovial et motivé – le collectif Robert Johnson – qui a bien voulu lui ouvrir les portes des installations jC.Décaux.

Vendredi 24 mai, place de l’Opéra. Dans la foule des lycéens qui s’apprêtent à manifester pour le climat, je cherche Kristo, la quarantaine, qui m’a vaguement parlé d’une action antipub par courriel. Entre deux groupes de filles qui se peignent des larmes sur le visage et se mettent des feuilles dans les cheveux, je finis par le trouver attendant sur les marches. « JP » nous rejoint bientôt, un grand sac sur le dos. Il est chargé d’apporter les affiches qui remplaceront celles des panneaux publicitaires. On commence à discuter des milieux antipub, où tout le monde semble connaître tout le monde. « La revue Limite? Oui, il y a une fille de chez vous qui a contacté la RAP de Nantes. On a débattu entre nous pour savoir si on vous aimait bien ». L’information circule vite. Kristo vérifie que la police n’a pas fouillé le sac d’affiches, et sort les clefs qui serviront à ouvrir les supports d’affichage. Vu l’endroit où il les cache, je n’ai plus très envie d’apprendre à m’en servir.

La manifestation démarre, et notre petit groupe commence à travailler. Les panneaux du premier abribus sont facilement ouverts avec une clef Allen percée au milieu. La vitre s’ouvre par le bas, il suffit ensuite d’arracher la pub et d’en scotcher une nouvelle. En quinze secondes le changement est fait. Les affiches ont toutes un rapport avec le climat. « On les peint nous-même. Chacune est unique. Et ce qui peut contrecarrer la pub, c’est qu’elles soient artisanales ». Les sympathisants de ce collectif aux contours un peu flous se retrouvent toutes les semaines en région parisienne pour des ateliers dessin et peinture. À la publicité imprimée en série, ils opposent des affiches faites mai- son qui sont toutes originales. Franchement, l’abribus gagne au change. « Pour nous, ces ateliers, c’est un exutoire ». Le papier brun est la marque de fabrique du collectif, mais le choix du motif ou du texte est laissé à la libre fantaisie de l’artiste. « Quand on en a suffisamment sur un thème, on organise une action pour les installer ».

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