Dans son ouvrage « Le réveil de la France oubliée », Anthony Cortes nous emmène dans les villages de l’Hexagone pour rencontrer les personnes qui ont décidé de s’organiser localement afin de redonner vie à leur territoire, sans attendre l’aide des pouvoirs publics.

Pendant longtemps, la France rurale a disparu des écrans. Les citadins avaient oublié la campagne et n’avaient d’yeux que pour le vaste monde, pour les contrées lointaines. Les villages de France n’étaient vu que comme des mouroirs, des lieux où l’on nait, mais qu’il faut quitter au plus vite en grandissant. Des lieux où ne logent que des gens du passé.

Puis vient 2018. Et les Gilets Jaunes. Des centaines de milliers de personnes, des campagnes et des périphéries des villes, s’unissent pour se signaler à la société. Ils s’organisent sur des ronds-points, manifestent, et réapparaissent à la télé pendant plusieurs mois. La France des villes redécouvre leur existence. Ce mouvement a marqué un sursaut. Depuis, les villages de l’Hexagone ont compris qu’ils ne devraient leur salut qu’à eux-mêmes, et ont commencé à s’organiser pour retrouver leur fierté, et redevenir attractifs.

C’est dans ces villages que nous emmène Anthony Cortes dans « Le réveil de la France oubliée ». Sans cacher les difficultés qui persistent dans ces territoires – désertion des services publics, chômage, misérables retraites des agriculteurs – l’auteur est parti à la rencontre de tous les acteurs qui ont décidé de redonner vie à leur territoire.

L’émergence du municipalisme

On découvre dans cet ouvrage comment, à Crest ou à Saillans, dans la Drôme, des listes « municipalistes » se sont formées et ont transformé la manière de faire de la politique locale. Ainsi à Saillans, en 2014, une liste citoyenne avait remporté les élections et mis en place un « comité de pilotage public » auquel chaque habitant de la ville pouvait prendre part. Une expérience qui a inspiré près de 300 communes dans lesquelles de telles listes se sont présentées aux élections de 2020.

Cet attrait renouvelé pour le localisme a également émergé grâce à l’action de maires combattifs qui se sont appuyés sur le passé de leur commune pour y construire un avenir. A Saâles, dans le Bas-Rhin, Jean Vogel a ainsi racheté et réaménagé une ancienne grange pour y établir un lieu de vie où les Saalois peuvent venir se retrouver. A Mazères-sur-Salat, en Haute-Garonne, le maire a racheté puis réhabilité l’ancienne usine de papier à cigarette Riz-Lacroix, jusqu’à attirer une entreprise américaine de filtres en papier, qui décidé d’installer son usine dans ce lieu.

L’ouvrage d’Anthony Cortes fourmille d’initiatives enthousiasmantes qui font espérer des jours meilleurs pour les zones rurales. D’autant que la pandémie que nous traversons semble redonner de l’attrait à ces villages. En effet, l’auteur termine ce livre en soulignant l’envie grandissante des citadins de retrouver une proximité avec la ruralité, voire de s’y installer, à la suite des confinements qu’ils y ont passé. Espérons que ce mouvement marque le début d’une réconciliation entre les villes et les villages de France.

Le réveil de la France oubliée, Éditions du Rocher, 165 pages, 14.90€