Aujourd’hui, vendredi 15 mars, les places de France sont investies par les jeunes qui manifestent l’urgence d’action contre la hausse du climat. L’étape suivante de cette prise de conscience s’observe à Lille, à quelques rues du rassemblement. Désireux d’impulser cette mise en action, les habitants du quartier Philippe Lebon ont décidé d’agir, au sein de leur quartier. Voir à plus petite échelle pour initier le changement, voilà un modèle futur potentiellement durable, à l’heure où la France est plus urbaine que jamais (77 ,5% des français habitent en ville selon l’INSEE). Limite est allé rencontrer les fondateurs d’un projet prometteur, l’annonce du (re)mariage de la brique et du humus, ou comment retrouver de la biodiversité au sein d’une métropole.

Une politique verte pour la ville de Lille ?

Lille fut un temps la mère patrie de l’industrie. L’architecture lilloise en est d’ailleurs emblématique, et il suffit de peu de kilomètres pour retrouver les immenses friches aujourd’hui délaissées. Cette terre d’exploitation minière et textile a vu son dynamisme faiblir et perdre de ses ressources avec le déclin de ses activités. Pour autant, la ville renaît bien de ses cendres, et sur les ruines d’un siècle industriel obsolète, on trouve aujourd’hui des germes d’écologie intégrale.

En ce samedi matin où les nuages blancs n’ont pas quitté le ciel lillois, règne une ambiance chaleureuse place Lebon. Des transats, des banderoles colorées et un air de bonne humeur happent l’attention des passants. Même l’étudiante pressée que je suis ne pouvait ignorer les tentes blanches inhabituelles, sous lesquelles je découvre les graines d’un beau projet. C’est de cette place que l’association « St Michel en transition » a décidé de faire l’impulsion d’une transition durable et solidaire au sein d’un quartier familial et étudiant.

À l’occasion de l’ouverture d’un budget participatif par la ville en juillet 2018, la mairie de Lille avait retenu ce projet de transformer la place en espace intelligent pour l’avenir du quartier sous le prisme écologique. Ce qui était à l’origine un défi d’étudiants est aujourd’hui une véritable association autonome ; et les porteurs de ce projet ont séduit les autorités et les habitants du quartier, par l’idée de réaménagement d’un espace de circulation dense, au cœur de la ville des Flandres. Dès lors, des maquettes et schémas ont été proposés par des citoyens dans un cadre de gestion autonome de leur espace de vie, qu’ils traversent matin et soir. Parmi les futurs aménagements, on prévoit un terrain en relief accueillant plantations diverses et plan d’eau, un projet de jardinage auto-géré, de compost et de permaculture.

“Le jardin de Philippe le Houblon” se fait une place aux côtés de 17 autres projets soutenus par la mairie : pour cette ville qui accueille 4 fois moins d’espaces verts que les 50 premières villes de France, on espère à un véritable tournant écologique. Le risque d’une stratégie de “greenwashing” doit être évincé par un réel accomplissement d’une politique verte, en actes citoyens concrets, loin de promesses politiques tendancieusement superficielles.

Voisins de tous pays, unissez-vous!

En ce début de Carême, ce projet met en œuvre l’appel de ‘Laudato Si’ à s’engager concrètement au service de la protection de “notre maison commune”, au-delà des panneaux et des slogans. Sans plus attendre, plusieurs générations se serrent les coudes et partagent leurs idées pour replacer l’écologie au cœur de la vie de leur quartier.

Le modèle du « chacun chez soi » a fini par montrer ses limites et n’est pas une solution à l’urgence climatique actuelle, alors que le monde connaît une 6ème extinction de masse et que les villes accueillent un air de plus en plus pollué. Parisiens depuis 10 générations, bretons jusqu’à la moelle, lensois, ou strasbourgeois, le défi est le même : il nous faut préserver l’avenir de nos villes. Face à cette problématique, la réponse est souvent à portée de main : la sonnette du voisin, un apéro de quartier propices aux réflexions communes, des courses solidaires et éco responsables…

Ce collectif lillois, parmi d’autres en France, veut retrouver une humanité au sein des grandes villes, en proposant des éco-projets, autour du mot d’ordre de la convivialité. Autant de ressources inépuisables pour penser notre modèle de vie futur. La ville est la terre d’accueil de nos enfants et petits-enfants pour encore quelques décennies au moins, et mérite qu’on s’attarde sur les moyens d’en faire un lieu de vie durable durable. Après avoir manifesté, la lutte continue: faire reprendre ses droits à la terre enfouie sous les dalles de béton, et renouer les liens humains dans nos vies citadines au rythme effréné et inconscient “métro-boulot-dodo” qui ne laisse plus place à l’indispensable humanité dont nous avons besoin.

 

Aux lillois : retrouvez ci dessous les dates de rencontres, actions et conférences prochaines :

  • Lundi 18/03de 19h00 à 21h30, à la MRES 23 rue Gosselet : « Tour d’horizon : parlons transition écologique !  » soirée consacrée aux projets portés par desjeunes sur la transition écologique. https://www.facebook.com/events/1825689000871210/
  • Mardi 19/03, de 19h00 à 21h30, à la MRES 23 rue Gosselet : Repair café. S’inscrire au 03.20.52.12.02 ou par mail via l’adresse mres@mres-asso.org
  • Mardi 26/03, de 18h00 à 20h00, à l’Ecole de Journalisme, 50 rue Gauthier de Châtillon : Conférence-débat-pesticides : quels impacts sur la biodiversité et l’humain, avec François Veillerette, directeur de l’association Générations Futures et Président de la branche européenne du réseau « Pesticide Action Network », dans le cadre de « regards d’experts ». Entrée libre.

Aux autres:

… Pour s’inspirer et en savoir plus sur le « jardin de Philippe le houblon » et les autres initiatives : rdv sur la page fb de l’association : https://www.facebook.com/transitionsaintmichel/