« L’école de demain sera transhumaniste ou ne sera pas », lit-on dans le dernier opus de Laurent Alexandre, La Guerre des intelligences (JC Lattès, 2017). L’homo sapiens, mortel né d’un homme et d’une femme, est-il obsolète ? Le cyborg une fatalité ? Réponses technocritiques. Docteur en pharmacie, Blanche Streb a travaillé douze ans en recherche et développement dans l’industrie pharmaceutique. Elle est aujourd’hui directrice des études d’Alliance VITA. Elle vient de publier Bébés sur mesure, le monde des meilleurs (Artège, 2018). François-Régis de Guenyveau a publié son premier roman à l’âge de 28 ans, Un dissident (Albin Michel, 2017), prix Edmée de La Rochefoucauld et prix Méo-Camuzet. Il est par ailleurs chargé de recherche et innovation au sein du cabinet Kea & Partners. 

Vos deux livres montrent, chacun à sa manière, que nous vivons un moment de bascule technologique. Comment la caractérisez-vous ?

Blanche Streb : Cette bascule, c’est une forme de soumission de la vie à la biotechnologie. Certaines techniques se mettent en place, et le simple fait qu’elles existent les rendent « légitimes ». Elles s’imposent, elles créent la demande, et on ne les questionne plus. On ne se questionne plus. Et pourtant, leurs pouvoirs deviennent immenses : on leur confie par exemple la responsabilité de choisir quelle vie vaut, ou ne vaut pas, la peine d’être vécue. Elles peuvent transformer la nature humaine. C’est abyssal. Par ailleurs, la technique « s’auto-alimente »… Par exemple, pour trier les embryons, il faut les rendre accessibles, hors du corps féminin, et donc faire des FIV, même si l’on n’est pas infertile. Lorsqu’on fait des FIV pour des raisons d’infertilité, les embryons sont disponibles, alors pourquoi ne pas les passer au tamis du contrôle qualité, proposent les militants de l’extension du diagnostic pré-implantatoire… Ainsi, la procréation assistée appelle le tri, et le tri impose la FIV : la technique appelle la technique, et le phénomène s’emballe ! (…)

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