Guédelon est un projet d’archéologie expérimentale situé dans l’Yonne et dont l’objectif est de construire un château fort en utilisant les techniques et les outils du Moyen Âge. Débuté en 1997, ce chantier devait initialement durer 25 ans, délai qui sera dépassé. Véritable aventure patrimoniale faisant renaître nombre de métiers oubliés ou disparus, elle fait la part belle aux femmes qui œuvrent en grand nombre sur le chantier. Limite est allé à leur rencontre.

Arriver à Guédelon, c’est d’abord traverser la Puisaye et entamer un voyage dans le temps qui nous ramène au Moyen Âge. À peine arrivés, le ton est donné : les œuvriers (c’est ainsi que s’appellent ceux qui « œuvrent » sur le chantier) sont tous vêtus d’habits d’époque. Nous voilà donc plongés au cœur d’un chantier médiéval, habits inclus!

Vive le circuit court!

Quoi de plus normal que de commencer par Charlotte, la teinturière: «Je teins certains des habits portés par les ouvriers du chantier. On n’a que la laine au Moyen Âge. Pour ouvrir la fibre, on la fait bouillir avec de la pierre d’alun avant de la teindre. Je m’en occupe l’après-midi, comme ça le matin je la rince et je la teins. » Pour fabriquer ses teintures, Charlotte récolte des plantes, toutes cultivées à Guédelon, dont elle extrait ensuite la couleur en les faisant macérer, là encore, dans de l’eau bouillante : « Pour le jaune, je me sers de pelure d’oignons ou des feuilles et racines de rhubarbe. Le bleu est plus dur à faire, car il faut extraire l’indigo du pastel, ce qui est difficile. Idem pour le vert qui s’obtient en mélangeant du jaune et du bleu, car le vert naturellement présent dans les plantes disparaît lors de la cuisson. »

La culture des plantes sur le chantier ne sert pas qu’aux teintures: potager médiéval, permaculture, mais aussi osiériculture, tout y est! Gaby, vannière, nous explique que « le transport des pierres et des matériaux sur le chantier se fait avec des paniers en osier: ceux-ci sont moins lourds que des seaux et peuvent se réparer.» Les gourdes en terre cuite des œuvriers sont aussi entourées d’osier tressé afin de les protéger contre les chocs, tout comme certaines des clôtures pour les animaux. L’osier est fait à partir de jeunes pousses de saules; celles-ci sont en partie cultivées sur le site. Le reste provient de Touraine, ce qui contribue à faire renaître l’osiériculture qui était en voie de disparition.

Valérie, qui s’occupe de préparer les peintures et de peindre les motifs qui ornent les salles de château, trouve aussi sa matière première sur le site: « Mes couleurs sont faites à base des minéraux, pierre et terre, présents sur le site, à l’exception du vert qui provient d’Italie. Je broie et tamise la pierre, la terre quant à elle est directement diluée et tamisée. Ensuite, j’applique la couleur en utilisant un fixant: œuf, eau et miel ou gomme végétale de cerisier. »

C’est l’idée centrale de Guédelon: le chantier est établi sur un site où peuvent être présentes toutes les matières premières nécessaires à son fonctionnement.

[ Cet article est à lire en intégralité dans le 16ème numéro de Limite ]


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