Marcial Maciel Degollado est le fondateur de l’une des aventures spirituelles et missionnaires les plus spectaculaires du XXe siècle : les Légionnaires du Christ. Mais le mexicain a bâti sa grandeur sur le mensonge et le crime. 

Les automnes romains sont particulièrement doux. Période propice aux déploiements de la dolce vita, fut-elle ecclésiastique. En ce 30 novembre 2004, il y a fête à la basilique majeure de Saint-Paul hors les murs érigée sur le tombeau de l’apôtre des Gentils. En ce jour béni, la basilique bruisse des pieuses festivités marquant le soixantième anniversaire de l’ordination presbytérale de Marcial Maciel Degollado, âgé de quatre-vingt-quatre ans, fondateur en 1941, au Mexique, de la Congrégation religieuse de droit pontifical dite : Les légionnaires du Christ. L’une des aventures spirituelles et missionnaires les plus spectaculaires du XXe siècle, présente dans une vingtaine de pays à travers le monde. Jugez-en : « quinze universités, cinquante séminaires et instituts d’études supérieures, cent soixante-dix-sept collèges, trente-quatre écoles pour enfants défavorisés, cent vingt-cinq maisons religieuses, deux cents centre éducatifs et mille deux cents oratoires et chapelles, sans parler des associations caritatives. » Quel visiteur de la Curie, au Vatican, n’a pas entendu le couplet sur la « fécondité » de cette Congrégation qui offre à l’Eglise tant de jeunesse, de vocations… et de soutiens financiers pour les œuvres du Saint-Père ? 

Jean-Paul II est donc présent ce jour-là. Il reste un inconditionnel du prêtre mexicain comme le furent ses prédécesseurs. Entré dans une longue agonie, devant les caméras de télévision du monde entier, le pape polonais n’a plus que quelques mois à vivre. Ce sera là sa dernière sortie officielle, manière de « rendre grâce » pour ce sacerdoce d’exception. Tout ce que la Rome catholique compte de soutanes écarlates se presse autour du saint-père. Tous les cardinaux ? Non ! Chacun note l’absence de l’un des plus respectés, le très austère Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Joseph Ratzinger. Et si le futur pape s’est abstenu, c’est qu’il sait ! Il sait que Marcial Maciel Degollado n’est qu’un imposteur et un monstre ! Depuis au moins un demi-siècle !  

En 1997, des victimes du père Maciel, furieuses de ne pas parvenir à se faire entendre ni de l’Eglise, ni des médias mexicains, ont décidé de rendre publiques leurs accusations dans un journal américain, le Hartford Courant. […]

(Tous les faits rapportés dans cet article sont documentés. Notamment sur le site lenversdudecor.org, créé par un ancien Légionnaire du Christ, Xavier Léger; mais également dans les ouvrages Sodoma de Frédéric Martel (Robert Laffont) et Jean-Paul II, l’ombre du saint, de Christine Pedotti et Anthony Favier (Albin Michel)

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