Secrètement, inlassablement, des milliards de petits organismes vivants s’activent pour fabriquer l’humus, l’épiderme nourricier de notre biosphère. Or, cette admirable symphonie souterraine est menacée par l’ignorance et la cupidité. Jean-Jacques Brun, spécialiste de la biodiversité des sols, nous fait découvrir un trésor caché, aussi fascinant que vital.

 

Un monde grouillant de vie

Lorsque vous marchez sur un sol non recouvert d’asphalte ou de béton, savez-vous que vous com- primez sous vos chaussures des millions de petits organismes vivants qui habitent à l’intérieur de cette fine couche qu’on appelle l’humus ? Rassurez- vous, cette légère perturbation ne va pas les affec- ter durablement – à moins qu’elle ne soit répétée trop souvent et au même endroit. C’est en tout cas l’occasion de prendre en considération une des exi- gences fondamentales de la vie sur terre: pouvoir disposer d’un sol en bon état, dont la structure et donc la porosité se maintiennent.

Tel est le rôle de cette biodiversité souterraine, largement invisible à l’œil nu, qui constitue de ce fait une des dernières grandes frontières de la connaissance scientifique naturaliste et un immense domaine de recherche pour les années à venir. On peut cependant affirmer dès à présent que la biodiversité du sol représente peu ou prou un quart de la biodiversité totale du monde vivant. Mais pourquoi tant de vie dans cet obscur compartiment de la nature?

Pour répondre à cette question, nous devons nous plonger au cœur des découvertes récentes de l’écologie (la science des conditions d’existence) et de la pédologie (la science des sols). Et cette immersion scientifique nous fait découvrir que cette biodiversité n’est pas une fantaisie issue de la prodigalité infinie de mère Nature, mais qu’on peut inférer son existence au rôle primordial qu’elle joue dans le fonctionnement des écosystèmes.

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