Chaque année à Las Vegas se tient le Consumer Electric Show, rendez-vous incontournable des fans de gadgets électroniques : objets connectés, robots de compagnie, et autres innovations « disruptives » qui changeront à jamais la vie de la génération Z… Mais comme il faut le voir pour le croire, je me suis rendue sur place, au milieu de geeks et de startupers du monde entier. Et il n’y a pas de quoi rire.

HOMME AUGMENTÉ OU DIMINUÉ

Las Vegas, alias Sin City, ancienne bourgade mormone et capitale du Nevada, Las Vegas, ses canyons, ses casinos, ses centres commerciaux et… son gigantesque salon de l’innovation. Plus de 200 000 m2 d’exposition où s’entassent les dernières trouvailles d’homo technicus. Et où ne manquent pas d’aller les candidats qui se vantent de « balayer tous les conservatismes »…

Pour ma part, j’y vais en néophyte. Et dans tous les stands du salon, j’entends la même promesse : 2017 marque le tournant de l’Internet-of-things,
 et ce pour le plus grand bonheur de l’homme. Au CES, en effet, chaque parcelle de la maison est connectée, du lave-linge à la théière, en passant par le verrou de la porte d’entrée et le réveil. On me propose d’éteindre des lampes par simple commande vocale et je peux même régler le thermostat de ma maison fictive ou me préparer un café sans bouger du canapé sur lequel je suis assise. Sur le sol, je vois des jouets pour enfants connectés à une application qui évalue leurs performances tandis que des vêtements intelligents surveillent la température de mon corps. Au stand suivant, on me propose d’essayer un smart réveil connecté à Waze qui me réveillera le plus tardivement possible en fonction des embouteillages. Les applications reliées à ces objets intelligents savent désormais à quelle heure je me lève, quel est mon rythme cardiaque, quelle quantité de céréales je mange le matin, etc. Et s’il me prend la fantaisie de mettre trop de Nesquik dans mon bol au petit-déjeuner, malheur à moi !  Je recevrai – pour pour mon plus grand bien – une notification sympathique accompagnée de smileys réprobateurs.

Les progrès notables des objets connectés sont unanimement plébiscités par les participants du CES. Quel soulagement de savoir
qu’on n’aura plus d’efforts à faire pour vivre chez soi ! Et si nos données sont le prix à payer pour accéder à ces services, il s’agit là d’une rétribution bon marché pour vivre plus facilement. Car, au CES, la plupart des objets connectés sont contrôlés par la charmante Alexa, l’intelligence artificielle d’Amazon. Si le géant du e-commerce n’avait pas de stand au salon – je l’ai longuement cherché sans le trouver, son omniprésence était manifeste. « Alexa, lock the door at 5pm » (malgré son QI très élevé, Alexa n’est pour l’instant pas polyglotte), est une demande que satisfait désormais votre porte d’entrée connectée assistée par Alexa.

ETHIQUE OÙ T’ES ?

L’absence de réaction des participants du CES quant à la quantité de données ainsi générée et à l’utilisation qui en sera faite est réellement alarmante. « Qu’Amazon connaisse toutes mes données, ce
 n’est pas grave, je ne suis qu’un individu parmi une foule immense. Et je
n’ai rien à cacher ! » est
 la parade quasi-unanime 
qu’on m’adresse pour répondre à mes interrogations. Rien à cacher 
certes, mais une liberté 
de choix, d’actions et 
de pensée à conserver ! 
Car finalement, c’est
 Alexa (donc Amazon)
 qui commandera et
…

[…]

CapturecouvLa suite est à lire dans le sixième numéro de la Revue Limite, en vente en ligne et en librairie (liste des 250 points de vente). 

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