Le pape François a été largement critiqué par une droite bon teint pour sa défense intransigeante de la condition des migrants. Pourtant, loin d’un sans-frontiérisme irresponsable, il ne fait qu’appliquer la doctrine de l’église.

« On ne peut tolérer que la mer méditerranéenne devienne un grand cimetière ! » Cet appel a été lancé par le pape François, lors de son discours devant le Parlement européen, le 25 novembre 2014. Aux notables de l’assemblée de Strasbourg, l’évêque de Rome a rappelé la réalité humaine de ce
qu’ils appellent technocratiquement les flux migratoires : « Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d’accueil et d’aide. ». François, qui s’était rendu sur l’île de Lampedusa en juillet 2013, avait déjà fustigé la « mondialisation de l’indifférence ».

Applaudi par nombre de parlementaires européens, l’évêque de Rome ne l’a pas été du côté d’intellectuels et faiseurs d’opinion, habituellement enclins à défendre le christianisme contre les critiques modernes. On se souvient de la cruauté d’Alain Finkielkraut, commentant la venue papale à Lampedusa : « L’amour sans la sagesse de l’amour, c’est le pape François ! » Ou encore d’Éric Zemmour, accusant le « pape postchrétien » de pratiquer le « misérabilisme compassionnel ». Cette controverse met en lumière un vieux et puissant malentendu : le soupçon d’une Église prêchant le sans-frontiérisme irresponsable, voire complice d’une immigration dérégulée. À force de lire Le Camp des saints de Jean Raspail, certains ont fini par croire que des évêques en blue jeans conduisaient eux-mêmes les barques vers l’Eldorado européen et que l’immigration appelait des solutions expéditives. Il s’agit pourtant d’une criante injustice. Les catholiques qui ne se penchent pas sur les textes de l’Église ont l’excuse d’être dans l’ignorance. Pour les autres, perpétuer le malentendu est criminel.

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