Nos amis du Foyer Marie Jean ont mis la conversion écologique au cœur de leur engagement. Basée en Ardèche, près de Saint Julien Vocance, cette petite communauté de vie consacrée réunit des frères et des sœurs qui vivent ensemble leur foi sous la conduite d’une mère spirituelle. Nous publions des extraits du texte partagé lors de la dernière session d’écologie intégrale du Foyer (deuxième partie). A suivre !

 

Quatre leçons engrangées grâce à nos résolutions écologiques des années passées

Une résolution écologique est l’aboutissement d’une réflexion approfondie et d’un discernement prudentiel. C’est pourquoi elle diffère par nature d’une recette applicable par tous, en tout temps et en tout lieu. La moindre résolution, si elle est réellement écologique, implique des relations multiples, et des situations diverses. Elle doit donc être évaluée après sa mise en œuvre et souvent adaptée.

Voici ce que nous pouvons déjà mettre en évidence :

  1. En s’inscrivant dans la durée, notre action, même limitée et progressive, nous donne d’en recueillir d’heureux fruits

  • Un premier exemple : à partir de 2008, afin de réduire notre part dans la pression mortifère qu’exercent les hommes sur les écosystèmes et de nombreuses sociétés l’agriculture conventionnelle et afin de mieux respecter la santé de notre corps, nous avons mis en œuvre des changements dans notre mode d’alimentation.

Si nous évitons au maximum les surgelés et les conserves, en ce qui concerne les fruits et les légumes, nous ne pouvons pas, pour des raisons de coût, nous fournir intégralement en bio. Mais nous veillons à acheter des fruits et légumes de saison, à des producteurs locaux, qui pratiquent une agriculture raisonnée ou en conversion vers le bio. Nous avons avec eux une relation de confiance et  nous pouvons les questionner sur leurs pratiques, dans un climat très cordial, voire amical.

Nous pouvons en revanche acheter en bio les produits d’épicerie, les légumineuses, les pâtes, la farine, la semoule, les œufs, les yaourts… le plus possible en conditionnement important, ce qui économise les emballages…

Ce changement dans notre alimentation a bien sûr modifié le travail en cuisine. Il nécessite un peu plus de temps pour les épluchages et la cuisson, mais a favorisé la créativité, pour apprendre à associer les aliments, à bien accommoder les restes et ainsi élaborer une cuisine simple mais goûteuse et même joyeuse ! Une « alimentation vivante » comme s’intitulait le stage qu’ont suivi deux de nos sœurs à Terre et Humanisme en 2011.

Ainsi ces actions, bien que limitées et perfectibles, ont déjà des conséquences importantes et heureuses sur les relations : un plus grand respect des animaux et de la terre cultivée, le dialogue entre nous et avec nos fournisseurs, plus de sobriété et d’imagination dans l’art culinaire, le bienfait d’une alimentation saine et équilibrée, sans oublier une plus grande cohérence évangélique de notre vie.

  • Un autre exemple : une des grâces de notre implantation hors de la ville et loin du réseau des égouts est de nous avoir rendu attentifs à la vie foisonnante, utile (ô combien!) mais fragile, des habitants du sol et même des habitants …de nos fosses septiques ! Pour préserver cette vie et ne pas polluer la terre par les eaux qui débordent des dites fosses, pour cesser aussi d’empoisonner l’air et de nous empoisonner nous-mêmes, nous avons réformé notre usage des produits ménagerset fait disparaître les aérosols, les détergents divers, les dépoussiérants, les dégraissants, les décapants, les désinfectants, les détartrants ; nous avons(re)découvert le bicarbonate de soude, le vinaigre blanc, le savon noir, le savon Marseille et la traditionnelle huile de coude… Pour les mêmes raisons, la lessive a fait l’objet d’expérimentations variées, d’essais plus ou moins heureux : rappelez-vous notre étonnement déconfit de récupérerun linge propre mais gris, encore taché, et parfois déformé… et l’heureuse conclusion communautaire que la lessive doit quand même laver le linge…! Pour respecter cette finalité première, nous avons donc opté pour une lessive écolabellisée… en attendant mieux !

Sortir de nos addictions aux produits d’entretien toxiques, quoique efficaces, fut un vaste remue-ménage ! Mais le respect du vivant, la liberté acquise et l’efficacité constatée des produits traditionnels nous récompensent amplement.

  • Dans un tout autre domaine, celui d’Internet, nous prenons la résolution cette année, afin de ne pas être prisonniers de moteurs de recherche dont la finalité est très nettement commerciale, de mettre à la disposition des frères et sœurs des moteurs de recherche comme Ecosia ou Lilo qui intègrent explicitement dans leurs statuts, un plus grand respect de la vie privée et le financement de projets de reforestation ou d’aide humanitaire et sociale. Discerner parmi nos dépendances, celles qui sont légitimes et celles que des choix de société nous imposent est déjà libérateur et tonifiant ; choisir ensuite, en fonction de critères écologiques, les dépendances contraintes auxquelles nous consentons, nous garde dans une démarche responsable, dont nous goûtons au moins la cohérence.