Avant, on traitait les gens d’autistes quand ils avaient tendance à l’entêtement. Mais ce temps est révolu. L’autisme est désormais reconnu comme une maladie à part entière. Voici le témoignage de notre rédactrice Mahaut Herrmann.

Handicapée, toi ? On ne dirait pas. » Depuis cinq ans que la médecine française a enfin mis un nom sur ce qui me complique la vie quotidienne, combien de fois ai-je entendu cette phrase ! De fait, l’autisme, mon handicap, ne se voit pas pour le grand public, sauf pour les yeux avertis. Pour la très grande majorité des personnes de mon cercle de relations, il reste la plupart du temps invisible. Un « handicap invisible ». Voilà ce qui me caractérise, et qui caractérise tant d’autres personnes de ma connaissance, épileptiques, bipolaires, sourds, porteurs de sclérose en plaque, qui, toutes, donnent l’impression de mener une vie normale, et ce jusqu’au jour où les manifestations de ce handicap les rattrapent.

Un handicap peu visible

L’autisme ne m’empêche pas d’être indépendante ou de gérer moi-même ma vie. Il provoque en revanche une forte fatigue. En effet, l’autisme est un handicap des relations sociales : là où les non-autistes comprennent instinctivement les implicites et les codes régissant les relations sociales, il nous faut tout apprendre, nous adapter en permanence, comme si nous passions toute notre vie dans un pays dont nous ne comprenons ni la langue ni les coutumes. L’hypersensibilité nous rend également plus réactifs aux stimulations sensorielles du quotidien, aux odeurs, aux sons, au goût, de sorte que le cerveau sature très rapidement sous les informations à traiter et à hiérarchiser. D’où la fatigue rapide et un besoin de nous isoler régulièrement, éventuellement de quitter une réunion pendant laquelle aucune pause n’a été prévue, quitte à passer pour les impolis de service. Mais c’est vital. Cela a souvent été source d’incompréhension et m’a valu des raillerie. Comment ? Une jeune femme de vingt-deux ans serait incapable de suivre un cursus de cours intense, de rester plus d’une heure dans une bibliothèque bondée ? Tout cela est en réalité parfaitement normal pour une personne autiste, comme je l’ai appris des années plus tard. Mais les personnes autistes ne sont pas en fauteuil roulant, elles ne portent pas de signes physiques associés à un handicap, comme les personnes trisomiques. Leur handicap est semblable à celui des personnes sourdes, par exemple, qui ont du mal à faire comprendre à leurs amis l’effort que nécessite la lecture sur les lèvres.

La suite de ce témoignage est à lire dans le dernier numéro de la revue Limite. Vous pouvez le trouver à la commande en ligne et en librairie à leur réouverture !

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