Un bien commun désigne d’ordinaire une ressource, gérée collectivement par une communauté locale d’usagers dans le but de la préserver d’une utilisation abusive. En ouvrant Le Dorothy, un café-atelier associatif dans le 20e arrondissement de Paris, nous avons participé à la création d’une ressource rare et peut-être en voie de disparition: un espace gratuit d’accueil et de vie pour des rencontres et des amitiés improbables. Un « commun social » autour duquel grandit une communauté humaine.

À l’origine du Dorothy, il y a le désir d’agir ensemble pour mieux vivre l’Évangile et la doctrine sociale de l’Église « en actes ». Si nous avions pensé le projet d’un café associatif dans ses grandes lignes, tout était à faire: commencer les conférences, mettre en place les ateliers de transmission de savoir-faire manuel, inventer un modèle de fonctionnement, et évidemment trouver un lieu – et les financements.

Ce qui a permis l’émergence du café, c’est d’abord une équipe unie autour d’un héritage commun. La chance de notre équipe a peut-être été d’être condamnée à la patience… Privés de local, nous avons avancé par tâtonnements. Pendant une année entière, nous nous sommes retrouvés pour partager sur les avancées des différents pôles (programmation, financement, ateliers…), autour d’un repas et d’une prière. Alors même que la plupart des membres du groupe ne se connaissaient que peu ou pas, nos rencontres hebdomadaires ont créé entre nous le sentiment de recevoir – plutôt que de posséder – peu à peu quelque chose en commun, un trésor spirituel et intellectuel, sur lequel fonder le Dorothy. Une étape décisive a d’ailleurs été le choix de notre figure inspiratrice, notre « saint patron ». Notre relation commune à Dorothy Day a été un ferment d’unification et une source d’exigence supplémentaire !

Au bout d’un an de travail, nous avons trouvé un lieu. Là encore, nous avons dû nous laisser surprendre. Nous voulions un lieu très visible de la rue, facilement accessible, d’une taille suffisante pour avoir deux espaces séparés (café et atelier). Le réel nous déroutait avec un immense local, au bout d’un couloir, sans pas de porte immédiat, un jardin à la terre morte et aux arbres guère vaillants, des murs d’un rose criard et sale…

Ce lieu déboussolant nous a surtout permis de mettre en œuvre une intuition initiale: la communion par le travail manuel.

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Cet article est à lire en intégralité dans le dernier numéro de la revue Limite. Vous pouvez le trouver à la commande en ligne et en librairie à leur réouverture !

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