Le confinement s’avère être l’occasion d’un immense déploiement numérique. Films en streaming, télé-travail, école en ligne, et même … télé-liturgie. Quand on a l’occasion d’être entouré, ne faudrait-il pas plutôt tout débrancher ? Et vivre autour d’un feu Pascal dans son jardin ou devant sa gazinière ?
L’isolement et la solitude n’avaient, jusqu’ici, jamais inquiétés les chrétiens. Des pères du désert aux communautés du fin fond de l’Amazonie, chacun connaissait la promesse évangélique : « Le règne de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17, 21). Chacun savait qu’en terme de « Règne de Dieu », le confinement n’est pas à craindre. Dans la cellule monastique comme dans la maison familiale, la présence de Dieu se donnait dans la simplicité d’une liturgie domestique. Acclamation du « soleil levant venant nous visiter » au matin (Lc 1, 78) ; bénédiction à celui qui nous offre le « pain quotidien » devant la table dressée(Mt 6, 11) ; offrande confiante « au maître souverain quand vient la nuit. » (Lc 2, 19)
La technique à la rescousse de l’Église ?
Et voici que la panique du confinement fait passer l’Église à l’heure de la « télé-célébration ». Une foule de prêtres nous offre ses célébrations en streaming, nous conseille de nous faire beau et de nous tenir debout devant notre écran pour suivre la liturgie. Évidemment, on dira que cela permet de « maintenir le lien », que la « technologie nous aide à traverser le confinement », que ça protège beaucoup de chrétiens « de l’isolement », qu’« un chrétien seul est un chrétien en danger », etc. Certes, la technique est toujours la plus efficace, c’est sa définition même, mais on oublie que toute technique est plus qu’un simple moyen. Que le moyen informe et construit la finalité. Mais nous savons aussi que la médiation n’est pas pure transparence, et que cette médiation est décisive. La liturgie nous a appris que les réalités matérielles (cire, flamme, pierre, eau, pain, vin, etc.) sont signifiantes. L’écran l’est donc aussi, il impose sa signification, son monde. Prier devant un écran n’est pas la même chose que de prier devant une icône.[1]
Quelle misère spirituelle nous a poussé à croire que la « communauté » chrétienne ne pourrait persister qu’au travers de streaming paroissiaux ? Comment en sommes-nous arrivés à confondre Corps du Christ et réseau internet ? Syméon le Stylite avait-il besoin de la 5G pour se sentir connecté à l’Église de Dieu ? Theresinha et Francisco vivant dans les hauteurs perdues de la Seirra da Mantiqueira ont-ils besoin de wifi pour se savoir membre de la Communidade des disciples du Christ?
L’industrie du web ne pouvait rêver mieux pour étendre son réseau et imposer la nécessité de sa 5G et de sa fibre optique. Le « télé– » gagne la liturgie comme il a gagné le travail et l’école. Le vampire pompera nos existences jusqu’aux moindres recoins et se faisant pompera les ressources naturelles. Dois-je faire un schéma pour exposer les conséquences écologiques de nos « télé-communications », y compris télé-liturgiques ? N’aurait-il pas été du devoir de nos pasteurs de nous encourager à célébrer Dieu à la maison plutôt que devant l’écran ?
Le foyer comme Église domestique
Ce confinement pourrait en effet être l’occasion de faire advenir les « Églises domestiques » dont le magistère parle si souvent. Un coin de la maison pourrait être enfin sanctuarisé (et ainsi soustrait au règne de l’écran), un coin de notre temps pourrait être libéré.
Nous aurions pu, hier, nous laver mutuellement les pieds accomplissant ainsi la parole du Christ « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13, 15) Le vendredi saint, nous pourrions vénérer le bois de la Croix dans le silence de notre foyer ; et, dans la nuit pascale, à nous de réveiller nos enfants pour allumer, sous les étoiles, le feu de la résurrection en proclamant la victoire du Sauveur.
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » (Lc 21, 6) disait Jésus à ses disciples hypnotisés par la beauté du Temple de Jérusalem. Gare à nous qui cyber-contemplons nos églises de pierres pour télé-adorer la présence de Dieu, car « l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » (Jn 4, 23). La résilience de l’Église, pour prendre un mot à la mode, n’est pas à chercher du côté des écrans.
La liturgie est une manière d’habiter le temps et l’espace, le numérique une manière de les abolir. Là où la technique homogénéise et donc efface le temps et l’espace, la liturgie rend à chaque lieu et chaque instant sa transcendance propre, sa puissance de révolution, « chaque seconde [devenant] la porte étroite par laquelle le Messie peut entrer » (Walter Benjamin, Sur le concept d’histoire). Liturgisons donc nos confinements, faisons de l’espace et du temps de notre maison, le lieu et l’instant du surgissement de Pâque !
Pour la vigile pascale, débranchons tout. Allumons un brasier
dans le jardin ou sur notre gazinière et proclamons avec la foule immense des
saints : Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
[1]Ivan Illich, qui refusait de parler dans un micro pour ce que cet objet technique transformait le sens même de la parole doit se retourner dans sa tombe – ou plutôt redoubler de prière pour les morts-vivants que nous sommes.
- Des luttes écologiques au Royaume de Dieu - 17 novembre 2022
- La morale privée/bioéthique n’existe pas - 8 juin 2022
- Nous ne vivons pas une crise sanitaire - 30 juillet 2021
N’y aurait-il pas justement ici une limite à poser a vos propos ? Une limite de vous voir vouloir idéologiser une limite !
Nous annonçons aujourd’hui l’Evangile au monde d’aujourd’hui. À ce monde en effet, saturé du numérique. Mais c’est ce monde !
Les familles de nos villes et de nos cités n’ont pas toutes des jardins pour y faire un feu ! Et bien des simples gens ne pourront entendre la Parole qu’au travers de ce qu’ils écoutent !
Devrais-je me faire sourd quand se manifeste, dans la promenade autorisée, les bienfaits de ce lien maintenu ? Ces mercis des vrais gens de chair et d’Esprit ?
Théorisez… je prends de mon côté les moyens, connectés évidemment, vampirisés sans doute, mais les moyens pourtant de parler, puisque l’occasion m’en est donnée, au peuple qui m’est confié.
Pourquoi, finalement, tout opposer ? Est-ce forcément blanc ou noir ? Est-ce nécessairement le coin prière ou l’écran ? Faites confiance ! Tous ne sont pas déjà ces déshumanisés effrayants qui vous semblent déjà perdus. Pasteurs, nous pouvons aussi apprendre à passer d’une liturgie à une autre, d’une fenêtre à la lumière.
En quoi ma vie spirituelle devient misérable lorsque je communie seul au cours du Christ soutenu, en direct, par la prière des fidèles de ma communauté ?
Il est toujours facile de critiquer les pasteurs. Je préfère voir dans ce déploiement, assurément numérisé, mais cependant authentiquement « en sortie », non pas le fruit d’une panique mais plutôt d’un élan à annoncer la bonne nouvelle.
Avec vous je proclamerai demain soir ma joie intime et communautaire : il est ressuscité.
Abbé Pascal Monnier
Merci mon père pour ce beau témoignage. Alors que les célébrations en direct pullulent nous avons trouvé ce point de vue réfractaire intéressant à publier. Souvent hostiles il est vrai à l’univers technologique qu’on nous vend comme bon remplaçant de nos vies humaines, nous avons pensé que d’autres pourraient se retrouver dans cet appel à tout couper.
En partageant cette joie avec vous,
Fraternellement,
Théo, membre de la revue
Cher abbé Pascal Monnier, votre point de vue est intéressant mais mérite d’être relativisé. Je suis bienheureux qu’il existe des diatribes virulentes (et encore, lisons Bernanos et autres disputatio chevillées au corps, cela fera du bien à notre susceptibilité crispée, incapable de soutenir de fortes contradictions dans un dialogue sans l’interrompre net) comme celle que je lis sur Limite : je me trouvais bien malheureux devant mes écrans où pullulent littéralement des messes qui me laissent froid et ennuyé (et je suis tout à fait disposé à croire qu’elles feront du bien à d’autres), et j’avais besoin de cet article et d’autres témoignages radicaux ; avec ma femme cette idée de célébrer à la maison m’a ouvert une grande joie ! Par ailleurs, la célébration en famille ne nécessite pas forcément un château versaillais et son jardin à la française (le texte parlait de gazinière il me semble). Ce monde comme vous le dites – je suis enseignant – est aussi celui qui SATURE actuellement sur internet. Certaines messes ont saturé quand je les ai ouvertes, certains de mes cours en ligne saturent, le porno sature si l’on en croit certains articles (certains d’entre nous n’auront hélas nul besoin d’article pour s’en convaincre), la pénurie et la famine ne sont pas encore là mais le système de consommation sature : ne serait-il pas opportun de faire moins de cours de français en ligne et de laisser les élèves lire tout seul « Le journal d’un curé de campagne », de faire moins de messes sur le net et d’appeler à célébrer plus en famille (je n’ai lu que 2 articles comme celui de Limite) ou chez soi, de moins se branler stérilement et d’épouser la chair de sa chair en incarnant un peu plus sa vie pour la recevoir en plénitude ?
Oui, j’ai spontanément réagi à cette intéressante tribune comme Pascal Monnier : tout le monde n’a pas un jardin (vraiment le « + » par temps de confinement…). Quant aux gazinières, quand elle sont à induction… C’est dommage que la seconde partie sur « le foyer comme Eglise domestique » s’appuie sur un raisonnement en partie faux et une opposition idéologisée, de toute façon impossible à tenir.
Votre analyse ne serait pas si alarmiste si vous croyiez plus en la soif des chrétiens pour le corps et le sang du Christ, réellement présents dans le pain et le vin et qui pressera les fidèles dans les églises dès la fin du confinement !!
Je trouve ce point de vue intéressant mais excessif. Ça n’a aucun sens de comparer la façon dont la fois était vécue aux premiers siècles et aujourd’hui : le monde a changé, la vue a changé, et c’est le propre de l’Évangile de rejoindre chacun là où il est, dans son contexte.
Le monde n’est pas fait de façon binaire : nous avons vécu les célébrations à la fois en église familiale et en lien avec nos prêtres ; le lavement des pieds d’avant-hier en est l’exemple flagrant (effectué en famille pendant le temps réservé à cet effet pendant la cérémonie).
Enfin, l’Eglise ne saurait évangéliser un monde numérique en refusant de l’habiter. Il n’est donc pas négatif en soi que nos prêtres l’apprivoisent et que nous, laïcs, en étant privés de célébrations communautaires, nous apprenions un peu ce que vivent nos frères qui habitent dans des régions du monde reculées.
Je vous cite :
« Certes, la technique est toujours la plus efficace, c’est sa définition même, mais on oublie que toute technique est plus qu’un simple moyen. Que le moyen informe et construit la finalité. »
Çà sort d’où cette maxime !
Réfléchissons un peu sur 2 exemples
1) L’argent
C’est un moyen totalement indispensable pour vivre en société qu’on l’appelle troc, monnaie metallique, monnaie fiduciaire papier ou electronique tant que cela reste un moyen RAS, sachant que le risque existe que cela devienne une idole (à ma connaissance la seule nommée dans la Bible sous le vocable de Mammon !)
2) Porte-voie
Jésus a prêché sur une barque à bonne distance du rivage, car l’eau portait sa voie
Autrefois les prêtres montaient en chaire pour se faire entendre
Ensuite on s’est servi d’un micro
Aujourd’hui certains prédicateurs dont le pape se serve de la télévision et d’internet
D’où si le moyen sert la finalité où est le problème ?
Vous n’avez visiblement pas lu ce qu’Ellul ou Illich disent de la Technique, et je vous y encourage grandement!
L’article donne à penser. Les commentaires sont intéressants aussi.
Il me semble que l’idée de base est qu’en christianisme la chair est quelque chose d’essentiel. Jésus prend chair, il nous donne sa chair à manger.
Les technologies risquent de nous faire perdre ça de vue tellement elles nous fascinent, comme la lumière les insectes.
Mais si nous avons la sagesse de les laisser être des moyens secondaires elles peuvent jouer un rôle.
Un peu comme l’argent, la technologie est un bon serviteur mais un mauvais maître.
Dieu sait si je suis critique sur la puissance de la Technique en particulier celle du numérique, Benoît Sibille, et j’approuve la première partie de votre texte. Cependant, dans la situation sans précédent où nous sommes, le numérique est peut-être une voie impénétrable de Dieu. Pour qu’il y ait liturgie domestique, il faut une communauté ( famille, voisins…). Or les personnes confinées et SEULES, nombreuses dans notre société, pas forcément âgées d’ailleurs tels les célibataires vivant seuls, ne peuvent célébrer cette liturgie. Pensons aussi aux personnes qui sont seules croyantes au sein d’une famille ou d’un couple non croyants. Pour tous ceux-là, le numérique est le seul recours.
Les chrétiens devraient plutôt s’interroger sur leur contamination par la novlangue du management et le mode de pensée qu’elle implique (cf. le remarquable travail du philosophe Baptiste Rappin). J’avoue être choquée par l’usage de cette langue à l’intérieur même de la spiritualité chrétienne, quand la revue Aleteia , par exemple, nous propose un « kit de survie spirituelle » ou qualifie les saintes huiles de « carburant liturgique ». Ces termes ne sont pas innocents et c’est toute l’insidieuse invasion d’une langue, via le numérique, qui mérite réflexion.
Elisabeth, merci pour ce commentaire. Je suis dans le cas où je ne suis pas confinée seule, mais suis seule croyante : comment dès lors, vivre une liturgie domestique ?
Après m’être posé la question, à la lumière de cet article, je décide de tout de même suivre la veillée pascale depuis mon ordinateur.
Ce qui importe n’est pas tant le moyen que le but : que la Pâque du Christ soit réactualisée dans nos cœurs cette nuit. Ce qui importe, c’est d’être là.
J’allumerai des bougies réelles au fur et à mesure de la veillée 🙂
Mais merci pour cet article pour penser un peu à contre-courant !
Chère Ariane, je suis dans le même cas que vous. Oui, l’essentiel aujourd’hui est la joie: Christ est ressuscité! Joyeuses Pâques à tous!
On n’a pas attendu cet article pour inciter les familles à célébrer chez elles, à faire « ecclesiola ».
Voir Kit Semaine sainte https://www.dominicains.com/kit-semaine-sainte-2020/
En même temps, il n’est pas juste d’opposer. Au nom de quoi? On peut faire les deux.
La présence virtuelle devant les écrans ne remplace pas la présence physique. Faire une adoration eucharistique sur réseaux sociaux ne nous donne pas la présence réelle, mais seulement une image. Et il ne faut pas confondre l’image et la réalité, le virtuel et le réel.
Pour autant, cela peut nous permettre d’être en communion avec ce qui se célèbre ailleurs. Et cela fait une présence mystique. La charité ne souffre pas de confinement, mais elle peut se répandre y compris par les médias et les réseaux sociaux.
Ce texte stimulant m’a fait penser à deux choses :
1. Je ne suis pas contre les célébrations filmées. Elles font du bien à ceux qui n’ont guère le choix, notamment en maison de retraite (il y en a déjà celle du dimanche matin sur FR2). Par contre, je suis plus sceptique sur les « doublons » (100 chapelets, 200 messes en simultané) ! On pourrait avoir un seul diocèse qui gère le volet numérique (ex : Fréjus-Toulon), pendant que tous les autres mobilisent leurs religieux pour visiter les malades et leur porter les sacrements. Au lieu de cela, on dirait que chaque diocèse joue perso sur youtube et dépense des moyens importants pour dupliquer ce qui est fait à 80 km. Voilà mon entre-deux. Maintenant que l’idée est posée, à qui la soumettre ? Où est l’équipe au gouvernail ?
2. J’ai repensé à la 6ème ordonnance de la loi d’urgence du 23 mars dernier :
« Dans un contexte de mise sous tension des réseaux de communications électroniques résultant d’un accroissement massif des usages numériques du fait de la mise en œuvre des mesures de confinement de la population, l’ordonnance introduit, pour la durée de l’état d’urgence sanitaire, des adaptations des procédures applicables pour garantir la continuité du fonctionnement des services et de ces réseaux. Quatre procédures administratives préalables en vue de l’implantation ou de la modification d’une installation de communications électroniques sont ainsi aménagées :
– suspension de l’obligation de transmission d’un dossier d’information au maire ou au président d’intercommunalité en vue de l’exploitation ou de la modification d’une installation radioélectrique ;
– possibilité pour l’exploitant d’une station radioélectrique de prendre une décision d’implantation sans accord préalable de l’Agence nationale des fréquences ;
– réduction du délai d’instruction des demandes de permissions de voirie relatives aux installations de communications électroniques implantées à titre temporaire et dans le cadre d’interventions urgentes ;
– dispense d’autorisation d’urbanisme pour les constructions, installations et aménagements nécessaires à la continuité des réseaux et services de communications électroniques ayant un caractère temporaire. »
Je ne souscris pas du tout à cette thèse.
Les Chrétiens se rassemblent pour prier et célébrer ensemble depuis qu’ils sont appelés Chrétiens.
En ce jour de Pâques cette lecture est bien triste. Et prend surtout de haut et les pasteurs et les fidèles qui choisissent (ils sont libres et pas totalement débiles) les moyens médias pour s’unir à la messe. Qui n’exclue en rien d’autres liturgies. Et enfin, les évêques et papes successifs n’ont cessé de nous inviter à une présence chrétienne sur les réseaux. En ces temps de crise chacun fait au mieux et si des idées sont bonnes dans ces lignes là condescendance du ton rend l’argument inaudible. Quant aux chrétiens d Amazonie justement ils souffrent de leur isolement comme ceux de Polynésie et du Pacifique… Il faut simplement y vivre pour le comprendre… Toutes les familles ne sont pas aptes à développer des liturgies familiales par ailleurs assez complexes. Tant mieux si c’est votre cas c’est une grâce ! E t’es gens isolés au sein de leur foyer quant à leur foi ? Ils non t plus que le chapelet enferme dans leur chambre pour être de bons chrétiens ? Je peux témoigner de nombreuse grâces vécues depuis ces jours de confinement en lien avec ces offices en direct. Évidemment c’est un moyen dégradé, mais personne n’est dupe là-dessus. Encore aujourd’hui plusieurs personnes m’ont dot avoir suivi toute la semaine sainte alors qu’elles n’étaient pas allées à la messe depuis des années… Viendront elles pour autant après ? C’est le secret du cœur de Dieu et de leur liberté. Une chose est sûre ce type de personne n’est ni en capacité ni en volonté pour monter une liturgie « domestique ». Il y a aussi de l’évangélisation, ayez au moins la simplicité de croire que ces « pasteurs » ont cela à cœur en ce temps particulier.
Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père. Opposer ainsi les pratiques est au mieux condescendant au pire humiliant pour ceux qui n’ont pas fait les mêmes choix.
J ai quant à moi fait le choix de réunir ceux qui le voulaient et qui des tribus du nord totalement isolés aux habitants de Nouméa ont su chacun selon sa liberté et son discernement rejoindre ou pas cette communauté déjà existante et qui existera parés cette crise. Avec ou sans écran entre nous ! Bonne fête de Pâques!
Chers tous,
Merci pour votre lecture.
En ce jour de resurrection, je suis confus de l’agassement que mon article semble avoir suscité chez certains.
Un article n’est pas une thèse, et je ne pourrais pas tout reprendre, permetez moi seulement de dire que :
– mon propos ne s’oppose en aucun cas à l’idée qu’il est vital pour la foi chrétienne d’être communautaire, mais interroge seulement les modalité de ce lien de communion
– mon propos ne suppose aucun rejet de la liturgie eucharistique sous sa forme habituelle, j’aimerai comme vous être à l’église paroissiale et communier au corps et au sang du Christ. Cela dit, ici, en zone rurale, il faut bien voir que dans 20 ans nous ne seront plus que 4 ou 5 familles chrétiennes dans un rayons de 20km (sauf miracle, évidement possible), et je pense qu’au fond cette crise doit aider à inventer des manières de célébrer en Église pour ce futur proche
– mon propos ne suppose aucune compétence théologique ou spirituelle spécifique. Il n’y a rien de complexe à prier à la maison et si cela nous est devenu complexe, c’est qu’il y a un problème. Dans les communautés rurales du Brésil (où j’ai vécu), les paysans animent la prière familiale ou communautaire sans avoir fait de licence de théologie en cours du soir aux Bernardins.
Enfin, car c’est là le coeur de pon argument. Que le « moyen » ne soit jamais neutre n’est pas une « maxime » ou un « dogme ». Ce n’est qu’une expérience assez commune, allez travailler en vélo ou en voiture, retournez la terre à la bêche ou au tracteur, recevez une lettre ou recevez un mail, causez avec votre épouse/époux ou parlez lui par Skype, vous ferez bien l’expérience de deux mondes différents. Il ne s’agit pas nécessairement d’en conclure que le premier est systématiquement meilleur que le second, mais simplement de reconnaitre que choisir un moyen c’est avec lui choisir un monde, que la question de l’efficacité ne peut donc être la seule.
Or il me semble, et j’entends volontier les désaccords, que le monde s’ouvrant dans et par une pauvre prière familiale (voir même individuelle) est préférable (et, peut-être plus évangélique) que celui s’ouvrant sur un écran.
Cela dit, et c’est bien ça la bonne nouvelle, le Christ est ressuscité pour tous ! « Vous qui avez jeûné et vous qui n’avez pas jeûnez » disait saint Jean Chrysostome pour inviter à se réjouir de Pâque. « Vous qui avez télé-célébrez et vous qui n’avez pas télé-célébrer », c’est bien pour vous, pour nous tous, qu’il est ressuscité !
Christ est ressuscité !
Ah oui, Grégory Solari, des Éditions Ad Solem, a publié un article défendant, par d’autres voies, une thèse proche de la mienne : https://faire-eglise.blogs.la-croix.com/absence-reelle/2020/04/06/
Après avoir lu l’article de Benoît Sibille, enrichi des commentaires des lecteurs, j’ai à nouveau lu le propos de l’auteur. Et j’ai mieux saisi je crois ce qu’il souhaite faire apparaître. Ce que j’en ai compris est qu’il y a un risque de dématérialisation ou de désincarnation du Corps qu’est l’Église.
Il est évident que ce confinement provoque de fait une explosion du recours au monde numérique. Qui, en suivant B.S., abolit le temps et l’espace dont la liturgie a besoin afin de les habiter.
Étant limité par ma santé (d’avant la pandémie), j’ai pu entrer dans la liturgie de la veillée pascale en compagnie de la Famille de St Joseph, et cet office très priant m’a permis de communier autant que faire se peut à la grâce du moment, par écran interposé. Mais je crois comprendre et entends ce que tient à nous exprimer B.S.
Je grefferai, sans le moindre esprit polémique et plutôt en tremblant, une autre question, et qui a peut-être sa place en amont de ces réflexions : le choix fait par l’Église de se confiner relève-t-il ou non d’un manque de foi ?
Il me semble aussi que l’utilisation de l’image nécessite de maîtrise la technique, le « langage vidéo » et que filmer une messe à la cathédrale, aussi bien décorée soit-elle, ne produit pas les mêmes effets sur la personne qui regarde que la messe télévisée du jour du Seigneur…
la mutualisation évoquée me semble urgente…
Bonjour,
déçu de votre article, je témoigne au contraire comme d’autres que l’on peut tout a fait faire Eglise domestique ET profiter des retransmissions, celles-ci nourissant notre intelligence et fortifiant notre coeur. Pour reprendre votre exemple, nos pasteurs ont marqué une pause dans la célébration du jeudi Saint pour que nous puissions justement nous laver les pieds entre nous a la maison, ce que nous avons fait avec joie.
Bref, ils nous aident par ce media. Le « zéro internet generalisé » ne me parait pas une recommandation ajustée a toutes les situations.
Et si c est votre appel, magnifique ! Mais alors je vous en prie : TEMOIGNEZ EN AVEC JOIE. Nos pasteurs aussi sont des héros: ils donnent leur vie pour leurs brebis.
Christ est ressiscité !
Belle octave pascale
Je me pose une question, pourquoi internet (réseaux sociaux en tête mais aussi commentaires sur un article), pourquoi la véhémence pour ne pas dire parfois la violence est-elle de mise ? Comme si l’écran facilitait le fait de « se lâcher »… Bref !
Oui, je suis aussi perplexe devant la multiplicité des messes proposées par le moyen d’internet et des médias divers. Est-ce une bonne chose, je m’interroge vraiment, toutefois, vivant seule et isolée, j’ai suivi les offices des jours saints grâce à cela, il m’aurait été très difficile de me trouve sans rien. Un de mes frères est confiné en famille avec une autre famille, ils ont fait le choix de vivre des célébrations familiales sauf pour la messe du dimanche de Pâques et je m’en suis réjouie pour tous ces enfants qui garderont un souvenir très fort de ces liturgies familiales, tout le monde ne pouvait pas le faire ! Il me semble aussi qu’il y a une différence entre une famille avec des enfants et un adulte qui fait bien la différence entre le virtuel et la réalité. J’ai aussi entendu la peine de prêtres pour qui célébrer complètement seuls durant des semaines est devenu une véritable épreuve…