En ce mardi de novembre pluvieux et froid, le député de l’Ain, Xavier Breton, nous reçoit avec bonhomie dans son bureau de l’Assemblée nationale. À peine sorti de la réunion hebdomadaire du groupe Les Républicains (LR) dans lequel il siège depuis son élection en 2007, ce lecteur assidu de Limite évoque avec nous ses combats et sa mission actuelle de président de la mission d’information sur la future révision des lois de bioéthique. Lorrain d’origine, père de 8 enfants, Xavier Breton appelle la droite à adopter une attitude critique vis-à-vis du capitalisme, à prendre le parti des limites sans lesquelles l’homme ne peut s’accomplir.

Lors d’un débat face à Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres (LREM), favorable à la PMA et se définissant comme « libéral », vous vous revendiquiez, par opposition, de l’« écologie humaine ». Que revêt pour vous cette notion?

Précisons un peu les choses. Je ne pense pas qu’on puisse mettre en opposition frontale le libéralisme et l’écologie humaine. Je suis, disons, plus pour l’écologie humaine que pour le libéralisme. Car ce que je vois en premier lieu, derrière l’écologie, c’est la dimension humaine. Le risque, lorsqu’on parle d’économie, c’est en effet d’oublier cette dimension, d’entrer par mégarde dans un processus de déshumanisation, où l’humain est évacué du champ de notre réflexion. L’écologie, elle, développe une vision de l’environnement, de la nature où l’homme est à la fois extérieur, face à la nature, et à l’intérieur, dans la nature, et donc responsable, comptable de son devenir.

Par-delà une considération assez minimaliste de l’écologie, ce qui me semble important c’est de réintégrer l’homme dans cet environnement, de faire attention à la place qu’il y tient.

Cette place se mesure à la fois en termes de responsabilité, comme je viens de l’évoquer, mais aussi en écho à ce que l’homme a de spécifique, par rapport aux autres espèces (le règne animal et le règne végétal).

Il faudrait sans doute affiner mon propos, aller plus loin, comme le pape François nous y enjoint avec la notion d’« écologie intégrale » promue dans Laudato si’. Notion qui nous apprend, au fond, que tout est lié, qu’on ne peut pas se contenter de prendre un bout de l’écologie – les seules parties qui nous intéressent –, que la dimension environnementale rejoint la dimension humaine et également la dimension sociale: l’attention aux plus pauvres, à ceux vivant dans les espaces les plus périphériques et qui sont les plus directement concernés par les atteintes à l’environnement pris comme un tout.

En définitive, ce que j’aime dans le fait d’ajouter un adjectif au mot « écologie », c’est que cela invite à resituer l’homme au centre du débat.

Pourtant, dans la mouvance écologique, on a plutôt tendance à opposer écologie humaine et libéralisme. Ce dernier, en plaçant l’individu et non l’homme au centre de son projet, met en cause à la fois l’environnement et l’homme en lui-même…

Le libéralisme peut, en effet, engendrer des méfaits pour l’écologie humaine. Mais je ne crois pas que ce soit automatique. Tout dépend au fond de l’usage que l’on fait du mot « liberté ». Je distinguerais la liberté prise comme « liberté individuelle », dont les potentialités dévastatrices peuvent en effet porter atteinte à l’environnement, et la liberté prise comme « responsabilité ». Le libéralisme n’est, par nature, ni bienfaisant, ni malfaisant. Si l’on a conscience de cela, du fait que la liberté dépend entièrement de ce que l’on en fait, de la manière avec laquelle nous l’employons, alors nous pouvons mesurer les risques qu’elle contient. Risques qui font à la fois sa beauté et sa dangerosité…

(…)

Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau et Pierre Jova

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