Un jeu basé sur les sept merveilles du monde antique, qui conjugue stratégie et beauté, c’est le pari réussi de 7Wonders, qui a su séduire le grand public par-delà les frontières françaises. Entre histoire et mythologie, chaque partie sera l’occasion d’un voyage dans le temps décoiffant, empreint de magie, et l’occasion d’un moment de convivialité (si vous n’êtes pas trop mauvais joueur!).

Rhodes, Alexandrie, Olympie, Babylone… La seule évocation de ces lieux mythiques donnera envie aux férus de l’Antiquité de découvrir 7Wonders. Pour les autres, le palmarès du jeu devrait suffire à les convaincre : créé par le Français Antoine Bauza en 2010, il a raflé nombre de récompenses depuis, en France comme en Europe, notamment le prix du Meilleur jeu pour connaisseurs en 2011. Car, oui, disons-le tout de go, 7Wonders s’adresse à un public averti, déjà rompu aux jeux de plateau, et notamment aux jeux de cartes évolutifs.

Son principe, en quelques mots : vous allez incarner l’une des sept Merveilles du monde antique (le Colosse de Rhodes, le Phare d’Alexandrie, le Temple d’Artémis à Éphèse, les Jardins suspendus de Babylone, la Statue de Zeus à Olympie, le Mausolée d’Halicarnasse ou la Grande Pyramide de Gizeh) et faire prospérer votre civilisation pour qu’elle marque l’Histoire à jamais. Pour ce faire, il vous faudra être sur tous les fronts : déployer des cartes ressources marron et grises (bois, pierre, minerai, tissu…), qui vous serviront à construire des bâtiments et à commercer avec vos voisins (et donc à remporter de l’argent) ; investir dans le progrès scientifique, par l’achat de cartes vertes ornées de symboles (la roue, la tablette, le compas…) ; développer votre armée, via les cartes rouges, pour affirmer votre suprématie militaire ; sans oublier de récupérer quelques cartes « bleues », gages de votre attrait pour l’art, la religion ou la politique…

Merveilles à la veillée

Jusque-là, rien de sorcier, mais la subtilité réside dans le mode de jeu (en draft, disent les connaisseurs), qui consiste à jouer une carte, parmi toutes celles ô combien intéressantes qui se trouvent dans votre main, avant de passer cette dernière au voisin. 7Wonders se joue en trois étapes (appelées des «âges»), au cours desquelles chaque joueur ne pourra jouer que six cartes. Il faudra donc être malin, par exemple en privant ses concurrents de ressources pour qu’ils soient contraints d’acheter chez vous ou en défaussant des cartes qui pourraient les intéresser afin de bâtir votre merveille. Jouer ou défausser, dépenser ou économiser, construire ou prévoir l’avenir… les choix seront cornéliens, à vous d’avoir l’œil ! À la fin de la partie, chacune des batailles menées – commerciales, militaires, scientifiques, architecturales, etc. – est récompensée par des points de victoire ; celui qui en cumule le plus l’emporte.

L’intelligence qui imprègne 7Wonders lui donne effectivement toute sa saveur mais n’oublions pas pour autant la beauté de l’ensemble. Des cartes de merveilles et de bâtiments magistralement illustrées au soin apporté à la boîte de rangement et aux différents éléments qui la composent, rien n’est laissé au hasard.

Les règles, un peu plus complexes que celles du bon vieux Monopoly de papi-mamie, laissent toute place à la réflexion et à la stratégie, et c’est évidemment ce qui fait tout le charme de 7Wonders. Ce faisant, il élimine – presque – toute forme de hasard : avis à ceux qui ne multiplient pas les 6 aux dés ! Notons d’ailleurs qu’Antoine Bauza, son concepteur, a eu l’ingéniosité de prévoir tous les cas de figure, ou presque, dans la notice : fini les règles incomplètes et les questions sans réponse (et pour les esprits les plus tordus, rendez-vous en magasin spécialisé ou sur le Net, où toute une communauté de « 7Wondersophiles » disserte à qui mieux-mieux)…

L’intelligence qui imprègne 7Wonders lui donne effectivement toute sa saveur mais n’oublions pas pour autant la beauté de l’ensemble. Des cartes de merveilles et de bâtiments magistralement illustrées au soin apporté à la boîte de rangement et aux différents éléments qui la composent (pas une pièce en trop, pas une carte qui ne dépasse), rien n’est laissé au hasard. Le tout compose un univers à part entière, cohérent, impressionnant, presque magique, où il fait bon passer des heures (et vous en passerez, la partie se déroulant rarement en moins de soixante minutes). Et ce, d’autant plus que le jeu s’accompagne désormais de nombreuses extensions, qui convoquent tour à tour les grands noms de l’Antiquité (Pythagore, Crésus, Néron, Périclès, Alexandre…), des lieux d’exception (Byzance, Stonehenge, Abou Simbel…), et même les dieux des mythologies gréco-romaine, égyptienne et phénicienne, pour la version duel, déclinée pour les afficionados qui pourront l’emmener avec eux en voyage.

Prenons acte également du tournant collectif opéré par l’une des dernières extensions – celle de la tour de Babel – qui invite les joueurs à coopérer pour construire ensemble l’édifice, ce qui leur rapportera divers bonus par la suite. Cette multiplicité d’extensions (la dernière, « Armada », est sortie en 2018) témoigne de la longévité du jeu, qui sait se réinventer et se décliner à l’infini, nous promettant de longues soirées bien animées au coin du feu.

Illustration de BENDO pour Limite.

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