Un boulot bien payé à Paris, des missions variées, des collègues sympas, un cabinet de conseil qui faisait partie des « Great Place to Work » depuis des années, un iPhone 6 et une Surface Pro… Mais de quoi pouvais-je encore rêver? D’un métier qui ait du sens.

 

Changement de cap… et d’ambiance

Savoir pour qui et dans quel but l’on travaille : à l’heure du tout-tertiaire et du tout-virtuel, ce besoin élémentaire est devenu un luxe. Coincée dans mon bureau, dans un soi-disant open space, je rêvais d’avoir du temps et de l’espace : rentrer avant 20h et avoir un horizon plus large que mon écran d’ordinateur. Je rêvais enfin de rendre ma vie professionnelle cohérente avec mes aspirations spirituelles et mon désir d’une vie simple, respectueuse de l’environnement et proche de la nature.

Des couples d’amis, jeunes parents, se questionnaient sur la meilleure manière d’élever leur progéniture. Grâce à eux, je découvris la pédagogie Montessori, et m’y plongeai pendant plusieurs mois… avant de franchir le pas. En lisant Les lois naturelles de l’enfant de Céline Alvarez, j’avais été émerveillée par le potentiel insoupçonné des enfants, autant que révoltée de voir à quel point on ne lui permettait pas de se révéler. Quelle respiration tout à coup ! J’ai donc décidé de démissionner pour me lancer dans la grande aventure éducative.

Quelle respiration tout à coup ! J’ai donc décidé de démissionner pour me lancer dans la grande aventure éducative.

C’est ainsi que je me suis retrouvée inscrite à l’Institut Supérieur Maria Montessori (ISMM) de Lyon. Radical changement d’ambiance par rapport à tout ce que j’avais connu auparavant ! En entrant dans cette école, on découvre une pièce vaste et lumineuse. Le long des murs s’alignent des étagères basses, sur lesquelles est rangé le matériel pédagogique. Tout est beau, ordonné, délicat : les objets sont en bois, en porcelaine, en verre ; et surtout, ils sont adaptés à la taille et à la force des jeunes enfants auxquels ils sont destinés.

Aiguiser son regard sur le monde

Comme dans toutes les classes Montessori (appelée « ambiance » par les initiés), l’espace est divisé en quatre aires. L’aire de la vie pratique permet à l’enfant de devenir autonome dans les gestes du quotidien tout en affinant son mouvement. Grâce à l’aire du raffinement des perceptions sensorielles, l’enfant aiguise son regard sur le monde en affinant ses sens. L’aire du langage le mène à l’écriture et à la lecture ; et enfin, dans l’aire des mathématiques, il apprend à maîtriser le système décimal et les opérations qui en découlent.

L’esprit de l’enfant en bas âge absorbe spontanément ce qu’il expérimente. Jusqu’à ses six ans, il a la capacité d’intégrer inconsciemment et sans effort les moindres éléments de son environnement.

Seul le U formé par des tables à hauteur normale trahit la finalité de cet espace : la formation d’une trentaine d’adultes, dont moi, au métier d’éducateur Montessori. Au fil de l’année, le matériel pédagogique de chaque aire nous est présenté : ses buts directs et indirects, l’âge auquel il est souhaitable de le proposer à l’enfant, les variantes qui permettront de relancer son intérêt pour l’activité…

Nos journées sont aussi rythmées par des temps d’enseignements sur les concepts phares développés par Maria Montessori dans ses différents livres, par exemple ce qu’elle appelle « l’esprit absorbant ». L’esprit de l’enfant en bas âge absorbe spontanément ce qu’il expérimente. Jusqu’à ses six ans, il a la capacité d’intégrer inconsciemment et sans effort les moindres éléments de son environnement. Preuve en est avec le langage, dont l’enfant maîtrise le vocabulaire […]

[Il vous reste 50% à lire]

La suite est à lire dans le neuvième numéro de la Revue Limite, enCouverture Limite n°9 petite vente en ligne et en librairie (liste des 250 points de vente).

En vous abonnant avant le 15 mars, vous pouvez également recevoir les quatre prochains numéros (à partir du n°10 à paraître en avril) directement chez vous.

Les derniers articles par Sixtine Dechancé (tout voir)