Dans sa chronique hebdomadaire, « La Courte Echelle » (#LCE), Gaultier Bès revient sur l’actualité à l’aune de l’écologie intégrale. Tous les mercredi à 8h, 12h45 et 19h20, retrouvez également « La Courte Echelle » sur Radio Espérance.
Mais qu’est-il allé faire dans cette galère ?
Yannick Jadot vient d’être élu candidat de son parti, Europe-Ecologie-Les-Verts, pour les élections présidentielles de 2017. Le parcours et le projet de ce député européen sont intéressants : il a commencé sa carrière loin des boutiques électorales pour militer sur le terrain, notamment au sein du mouvement Greenpeace. Ses interventions pour la transition énergétique ou pour une agriculture paysanne, son engagement contre le funeste chantier d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou le traité de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada témoignent d’une radicalité écologique à laquelle les magouilleurs hors-pairs d’EELV ne nous avaient pas toujours habitués. Lui n’hésite pas à parler de nature, de biodiversité, d’une harmonie à retrouver entre notre société et son environnement. On le sent plus militant qu’idéologue, plus écolo que libertaire, plus quinoa que cannabis, plus permaculture que procréation artificielle, bref, pour résumer, plus proche d’un Pierre Rabhi que d’un Dany Cohn-Bendit – et cela, avec toutes les réserves qui s’imposent, n’est pas pour nous déplaire. Loin des obsessions libertaires de l’inusable muse soixante-huitarde qui, depuis un demi-siècle, s’est fait l’idiot utile du marché en sacralisant le désir, c’est une écologie concrète que défend Yannick Jadot, une écologie qui agisse pour la préservation des écosystèmes plus que pour l’extension indéfinie des droits individuels. C’est du moins ce qu’il nous semblait – et tout à coup, patratas, mais que diable est-il allé faire dans cette galère ?
Si la vidéo de son discours au parlement européen contre le CETA a suscité, à juste titre, beaucoup, d’intérêt, atteignant rapidement trois millions de vues en ligne, une autre vidéo est passé inaperçue, mais illustre l’incohérence, la schizophrénie même, qui reste la marque de fabrique d’un parti écolo-mais-pas-trop. Et cette galère dans laquelle on se demande ce que Yannick Jadot est allé faire, c’est la galère de l’ADMD, le lobby euthanasiste français pour qui « mourir dans la dignité » signifie mourir suicidé.
Le discours que Jadot a tenu ce 2 novembre, jour traditionnellement consacré au souvenir des défunts, à la tribune de l’ADMD est tout à fait invraisemblable.=. C’est mon ami Pierre Jova qui me l’a signalé, sur le compte twitter de l’ADMD. Il commence aussi bien qu’il finit mal. « On est écologiste, parce ce qu’on aime la nature, parce qu’on aime la vie… L’écologie, ça a toujours été de se réconcilier avec ce qui est fort en nous, et ce qui est fort en nous […], c’est d’aimer notre avenir. […] Quand on est réconciliés entre nous, on est potentiellement réconciliés avec nous-mêmes. » Jusque-là tout va bien. On voit parfaitement le rapport avec l’engagement écologique, qui est en effet au service de la continuité, de la transmission de la vie, contre toutes les interruptions et les perturbations artificielles qu’une logique utilitaire, mercantile ou démiurgique peut produire. Réconcilier l’homme avec la nature, la sienne propre et celle dont il dépend, telle nous semble bien la finalité de toute écologie cohérente. C’est ensuite que ça se gâte.
Le vocabulaire de la « maîtrise », rappelons-le, est précisément celui du système de domination industrielle de la nature et de la vie. A cet égard, l’euthanasie est bien une manière d’« étendre l’empire des hommes sur la nature entière ».
Juste après, Jadot invoque en effet l’autonomie, la responsabilité individuelle et collective, et parle tout à coup de « retrouver la maîtrise de sa vie ». Le vocabulaire de la « maîtrise », rappelons-le, est précisément celui du système de domination industrielle de la nature et de la vie. A cet égard, l’euthanasie est bien une manière d’« étendre l’empire des hommes sur la nature entière », pour reprendre l’expression du philosophe et scientifique anglais, Francis Bacon, au XVIIe siècle. Une manière de domestiquer les forces de la vie dont on n’accepte plus qu’elle échappe à notre contrôle, à notre main-mise. Rien de moins écologique que ce vocabulaire-là, qui justifie toutes les manipulations et toutes les prédations au nom d’un fantasme de toute-puissance humaine. De ce point de vue, le posthumaniste californien qui veut « tuer la mort » et l’euthanasiste européen qui veut la « maîtriser » sont cousins germains : chacun à sa façon participe d’une volonté de dominer la vie, d’en refuser les limites intrinsèques, pour s’en faire comme les « maîtres et possesseurs ».
Mais le plus étrange est à venir. Jadot poursuit : « le droit à mourir dans la dignité, ça n’est jamais la réconciliation avec la mort, c’est au contraire la réconciliation avec la vie… » Euthanasier quelqu’un serait donc le réconcilier avec la vie. Mais quelle vision de la vie donnez-vous là ? La vie ne serait donc que la jeunesse et la santé ? Une fois diminué, dépendant, l’être humain ne vaudrait plus rien ? Ce type de discours n’est que la variante libertaire du struggle for life libéral. Marche ou crève ! Sois autonome ou disparais ! Mort aux faibles, aux anormaux ! Place aux puissants ! C’est une forme de « destruction créatrice », après tout, les « canards boiteux » n’ont pas leur place dans ce système. On euthanasie les mourants, comme on licencie les salariés de cinquante ans. Sans état d’âme. La personne handicapée, qu’on n’a pas réussi à éliminer avant la naissance, devra donc être euthanasiée dès que possible. Aux Pays-bas, on commence bien à euthanasier les mineurs, ou les personnes dépressives. C’est vrai que ça coûte moins cher que d’en prendre soin, et vous savez bien que c’est la crise !
Jadot conclut : « Quand on n’a plus que ce droit-là, il faut être capable de choisir la façon dont on finit sa vie. C’est le combat de la vie contre toutes les lâchetés […] pour avoir la maîtrise de ce dernier moment de la vie. »
Pour les euthanasistes, en effet, la personne en fin de vie perd sa dignité en même temps que son indépendance, cette autonomie absolutisée de l’individu censé s’autoconstruire, autonomie largement fantasmagorique – qui, comme le rappelle notamment Mattew B. Crawford, est l’un des présupposés philosophiques de la modernité libérale.
Maîtriser : ce verbe est celui de tous les totalitarismes qui ne détestent rien tant que les mystères d’une vie qui résiste à toutes leurs censures et à tous leurs contrôles. Est déclaré « lâche » celui qui ne meurt pas au sommet de sa gloire, mais dans les râles et les odeurs. « Lâche » celui qui accepte la sénescence et la fragilité, non comme une humiliation, mais comme la marque même de son incarnation.
Pour les euthanasistes, en effet, la personne en fin de vie perd sa dignité en même temps que son indépendance, cette autonomie absolutisée de l’individu censé s’autoconstruire, autonomie largement fantasmagorique – qui, comme le rappelle notamment Mattew B. Crawford, est l’un des présupposés philosophiques de la modernité libérale. Modernité libérale dont Jadot combat pourtant, par ailleurs, les méfaits lorsqu’il s’oppose aux OGM, au nucléaire ou à la globalisation commerciale et financière, autres manifestations de cet hybris, cette démesure contemporaine, qui refuse toutes les limites et tous les équilibres.
Cette réduction de la dignité à la puissance, cette manière de postuler qu’une personne pourrait devenir indigne de vivre sous prétexte qu’elle dépendrait d’autrui, a plus à voir avec la loi du marché, concurrentielle et fondée sur la performance, qu’avec celle d’un humanisme incarné, qui valorise l’interdépendance plutôt que le chacun pour soi.
Réconcilier la société avec l’écologie, M. Jadot, ce n’est pas abandonner, stigmatiser les personnes en fin de vie, esseulées, souvent désespérées. C’est au contraire affirmer, contre vents et marées, que toute vie vaut la peine d’être vécue, au-delà des difficultés, des souffrances, des limites.
Non, M. Jadot, le droit à mourir dans la dignité n’est pas le droit de finir euthanasié, piqué, débranché ou empoisonné, parce que vous ne seriez plus digne de vivre. La droit à mourir dans la dignité consiste bien plutôt à mourir entouré, soigné, embrassé par une société fraternelle qui jusqu’au bout vous aura, dans votre fragilité même, considéré comme un être humain digne de vivre, et non comme un légume improductif, un déchet encombrant – une personne en trop qu’il serait temps de retrancher de la communauté des hommes. Une société écologique reconnaît le droit à la vie et la dignité inaliénable, intrinsèque, de chaque être, quel qu’il soit, sans exclusive. Au moment même où, avec raison, les écologistes se battent pour que les animaux ne soient pas traités comme des choses, mais comme des êtres, il serait terrible qu’on finisse par considérer certains d’entre nous comme des encombrants. Une société écologique développe les soins palliatifs en investissant dans les hôpitaux, plutôt que de céder à la facilité, et à l’utilitarisme, du dispositif euthanasique, qui consiste surtout à libérer des lits dans des services surchargés. L’euthanasie est un échec, celui d’une société qui ne parvient plus à donner sens à la vie, à la souffrance, qui considère que la dignité se mesure à la productivité, et qui surtout a tellement isolé les individus les uns des autres qu’ils se trouvent souvent, sans parents ni amis, dans une solitude affreuse au moment de quitter ce monde. L’euthanasie apparaît en effet comme le fruit pourri d’une société atomisée qui a enfermé les individus dans des bulles autosuffisantes, a tout dérégulé, désinstitutionnalisé, séparant les générations les unes des autres.
Réconcilier la société avec l’écologie, M. Jadot, ce n’est pas abandonner, stigmatiser les personnes en fin de vie, esseulées, souvent désespérées. C’est au contraire affirmer, contre vents et marées, que toute vie vaut la peine d’être vécue, au-delà des difficultés, des souffrances, des limites. Promouvoir une société responsable, c’est affirmer que nous sommes tous responsables les uns des autres, c’est-à-dire que nous avons tous à répondre du sort de nos concitoyens, et que la mort prématurée de l’un des nôtres lèse la communauté entière. Une société écologique, enfin, affirme la solidarité et la fraternité de tous et de chacun, jusqu’au bout. Car rien ne saurait justifier qu’on retranche tel ou tel de la communauté de ceux qui sont dignes de vivre.
M’enfin Gaultier, il ne faudrait pas se laisser embourber dans des logiques marboutdeficellistes non plus! Jadot est sincérement écologiste (on l’espère) mais il ne partage probablement pas tout à fait la conception chrétienne de la dignité de la personne humaine. Il pense peut être comme une montagne plus que comme une créature de Dieu. Il y a une différence de degrés telle entre le suicide assisté (qui peut être convivial au sens Illichien) et la manipulation du vivant.
Ce qui n’empêche pas de n’être d’accord ni sur le fond (il y a quelque chose de sacré dans la vie humaine) ni sur la forme (ouvrir le droit à l’euthanasie ouvre surtout le début de la fin de soins palliatifs humanistes dans nos sociétés utilitaristes).
Ivan Illich doit se retourner dans sa tombe à voir sa convivialité enrôlée au service de la culture de mort.
Rien n’est plus convivial que l’art de souffrir et de mourir.
Rien n’est moins convivial que le meurtre sinon le suicide.
Chesterton :
« Le suicide n’est pas seulement un péché, il est le péché. C’est le mal ultime, absolu, le refus de s’intéresser à l’existence ; le refus de prêter serment de fidélité à la vie. L’homme qui tue un homme tue un autre homme. L’homme qui se tue lui-même, tue tous les hommes, il efface de lui le monde. Son acte, en tant que symbole, est pire qu’un viol ou un attentat à la dynamite. Il détruit tout les édifices ; il insulte toutes les femmes. Le voleur se contente de diamants. Pas le suicidé : c’est là son crime. On ne peut le soudoyer, même en lui offrant les pierres étincelantes de la Cité céleste. Le voleur rend hommage aux choses qu’il dérobe, sinon à leur propriétaire. Mais le suicidé insulte tout ce qui est sur la terre en ne le volant pas. Il profane chaque fleur en refusant de vivre pour elle. Il n’est pas une minuscule créature dans le cosmos pour qui sa mort n’est pas un ricanement. Quand un homme se pend à un arbre, les feuilles devraient tomber de colère et les oiseaux s’envoler de fureur, car chacun d’eux a reçu un affront personnel. Certes il peut y avoir des excuses émotionnelles et tragiques à cet acte. Il y en a pour le viol, et presque toujours la dynamite. Mais si nous en venons à une claire notion, à une signification intelligente des choses, nous trouverons une vérité beaucoup plus rationnelle et philosophique dans la coutume d’enterrer à la croisée des chemins et dans la pratique d’enfoncer un épieu dans le cadavre que dans les distributeurs de M. Archer. Il y a donc un sens dans la coutume d’inhumer à part les suicidés. Leur crime est différent des autres : il rend impossibles même les crimes. »
Bonjour Gaultier,
Je lis, au 4e paragraphe de ton article sur Jadot et l’euthanasie :
« De ce point de vue, le posthumaniste californien qui veut « tuer la mort » et l’euthanasiste européen qui veut la « maîtriser » sont cousins germains : chacun à sa façon participe d’une volonté de dominer la vie, d’en refuser les limites intrinsèques, pour s’en faire comme les « maîtres et possesseurs ».
Et je corrige, non pas pour s’en faire « comme » maître et possesseur, mais pour s’en faire maîtres et possesseurs – tout court.
Ce « comme », est sous la plume de Descartes, (Discours de la méthode 6e partie), une précaution et une nuance considérable, que les courants de pensée que tu vises abolissent purement et simplement. Descartes veut dire que nous ne serons jamais que « comme » maîtres et possesseurs, car nous ne sommes qu’à l’image de Dieu qui est le seul vrai maître et possesseur de la nature.
Cette relation iconique est légitime pour autant qu’elle s’inscrit sous la dépendance de Dieu dans le respect de la distance qui demeure toujours entre le Créateur et l’homme appelé à faire fructifier son oeuvre. Ce que Descartes veut dire, dans cette dernière partie du Discours de la méthode, c’est que la science sûre qu’il est en train de refonder sur les bases d’une réflexion philosophique plus radicale que celle menée jusqu’alors par l’Ecole scolastique, et qui doit porter des fruits en matière de morale, pour la connaissance de la nature en physique, mais aussi et tout particulièrement en médecine – qui fait alors l’objet de ce commentaire – cette science donc, est le véritable moyen de s’associer pleinement à l’oeuvre créatrice de Dieu en étudiant patiemment les consécutions des causes et des effets qui permettent de connaître comment s’organise la machine du corps humain afin d’être en mesure d’en soulager les dysfonctionnements, ou réparer les pathologies. Ainsi donc l’homme sera-t-il en mesure d’exercer la puissance et l’autorité sur la création que lui a conféré le Créateur même en la lui remettant. Mais il ne s’agit en rien d’une domination sans partage, et encore moins de l’ubris à laquelle nous assistons aujourd’hui et que tu dénonces à très juste titre. Enrôler Descartes me semble donc un contresens bien maladroit, et à plus forte raison laisser subsister le « comme » du texte original qui établit une distance entre la maîtrise totale et la possession plénière (qui seules reviennent à Dieu selon Descartes) et la maîtrise et la possession qui sont le fait de l’homme et ne restent légitimes qu’autant qu’elles s’ordonnent à la volonté du Créateur, Quoique tu aies pu savoir ou comprendre de Descartes, ce « comme » n’a pas ici de sens. La pensée que tu critiques veut nous rendre « maîtres et possesseurs » – sans nuances, point trait.
Merci pour l’attention que tu auras bien voulu porter à ce message.
Et toutes mes félicitations pour la revue, et les prises de paroles multiples dont j’approuve complètement le ton et le fond.
Matthieu GIROUX
On ne peut pas accuser Descartes de tous les maux modernes mais le « comme » ressemble plutôt à « comme des dieux » qu’à l’idée d’être à l’image de Dieu.
L’image suppose une idée de subordination tandis qu’avec le « comme » où il n’y plus que celle d’une ressemblance.
Il y a avec Descartes un tournant vers l’utilitarisme qu’il a l’habileté de justifier par l’argument de la santé.
Bonjour Gaultier, bonjour Matthieu,
Évidement une lecture précise de Descartes permet de comprendre plus subtilement son « comme maître et possesseur de la nature » (et donc Matthieu dit juste), mais il reste que le Descartes qui influence encore notre modernité c’est le Descartes simplifié – le cartésianisme étroit (et donc Gaultier vise juste).
Ici l’enjeu est moins de comprendre Descartes (la profondeur de sa philosophie) que de comprendre la situation actuelle, or cette situation est bien à rattacher à une certaine lecture étroitement rationaliste et quasi démiurgique de l’ego cartésien.
Le lien entre la formule du ‘Discours de la méthode’ et la crise écologique actuelle est donc légitime, non du point de vue de l’intention cartésienne, mais du point de vue de l’effet concret du cartésianisme dans l’histoire des idées.
Que le rationalisme de Descartes soit très nuancé est un fait (cf. Laporte), que le solipsisme cartésien porte en lui-même un rapport à l’altérité (cf. Marion) est sûr, que même le dualisme cartésien ne soit pas si duel que ça (cf. Marion encore) et que le rapport de Descartes à la nature ne soit pas purement possessif c’est certain. Mais il n’en reste pas moins que Descartes ouvre dans l’histoire de la philosophie une brèche à un rationalisme, un individualisme, un dualisme et un techniciste fous. Les cartésiens (dès Spinoza, Leibniz et Malebranche) ont eu vite fait d’exploser toutes les nuances de Descartes.
Hélas, c’est souvent la lecture pauvre qui a le plus d’effet dans l’histoire des idées et dans le monde.
(On pourrait dire de même pour Thomas d’Aquin et la scolastique néo-thomiste)
Bonjour. Découvrant votre revue, je trouve étonnant que des gens qui se disent chrétiens se permettent de caricaturer la position de leurs adversaires (Ici la position de Monsieur Jadot) sur la question de la fin de vie (S’opposer à la liberté de choisir sa fin de vie n’autorise pas un chrétien à user de mensonges…) Si une personne est dans une souffrance telle qu’elle souhaite demander une aide à mourir (Aujourd’hui en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, bientôt en Espagne et au Portugal… et tôt ou tard en France), le commandement d’amour du prochain de Jésus permet-il de la juger et de décider ce qui est bon pour elle ? En toute sympathie. Frédéric Béague (Lille)