« Il y a quelque part dans le monde, je le sais, à l’heure où j’écris ces lignes, un jeune Français qui se demande : “Mon pays vaut-il la peine d’être sauvé ? À quoi bon ?” » écrivait Georges Bernanos en 1938. À quoi bon ? Ces mots pourraient être les nôtres aujourd’hui, après l’année que nous venons de vivre. Quand les balles des terroristes sifflent dans les salles de rédaction libertaires et les terrasses de café, les concerts de rock et les matchs de foot, que nous faut-il sauver ? Pour quelle France voulons-nous nous battre ?

L’année 2015  fut celle de la crise.

Crise grecque, crise migratoire, crise identitaire, crise politique, crise géopolitique, crise métapolitique, crise mondiale, crise locale, crise spirituelle, crise morale. Crises, crises, crises. Comme autant de climax où se sont cristallisés les problèmes structurels qui rongent l’Europe. Une Europe transpercée par de multiples maux, et qui comme un malade perclus de métastases dont il ne comprend pas l’origine, se tape la tête contre les murs en espérant que s’évanouisse la douleur. Une Europe qui espère d’improbables dénouements qui n’arrivent jamais, et laissent au cœur, le goût amer d’un étiolement interminable de civilisation. Les réponses technocratiques et émotionnelles, partielles et compartimentées, se sont succédées sans succès : larmes et bougies, esprit Charlie, tweets de soutien et selfies héroïques un mojito à la main, état d’urgence, tapis de bombes, perquisitions, discours martiaux et va-t’en guerre. La réponse spirituelle, elle, tarde toujours.

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