Année après année, la Fondation Abbé Pierre alerte les Français: il y a beaucoup trop de personnes mal-logées en France. Son rapport annuel porte la voix de ceux qui vivent dans des logements indignes, bien trop petits, mal entretenus. Christophe Robert, délégué général de la Fondation, explore avec nous les mécanismes qui font plonger dans le mal-logement.

– À partir de quel moment peut-on parler de mal-logement ou d’insalubrité? Combien de personnes sont concernées en France et qui sont-elles?

Le mal-logement et l’insalubrité sont deux choses différentes. L’insalubrité est une notion juridique, le mal-logement est un agglomérat de situations de fragilité dans le logement de différentes natures. En France, on dénombre environ 150000 personnes SDF. Il y a aussi des personnes qui sont dans des logements trop petits (surpeuplement) ou de mauvaise qualité. L’indignité du logement peut prendre différentes formes, des logements insalubres, indécents. Ce sont des notions juridiques différentes. Selon la Fondation Abbé Pierre, les diverses formes de mal-logement touchent quatre millions de personnes. Parmi elles, il y a une sur-représentation des jeunes notamment parmi les SDF, et un grand nombre de femmes seules avec enfants, de familles monoparentales. Les populations en migration sont aussi dans des situations très difficiles. Sur le plan géographique, les grandes villes concentrent une part importante du mal-logement du fait de leur attractivité et de la cherté du logement. On y retrouve des formes de mal-logement très diverses et quantitativement importantes. En milieu rural, on peut trouver des situations plus spécifiques comme celles où des propriétaires de leur maison depuis des décennies ne peuvent plus l’entretenir (toiture, chauffage, isolation). Une autre forme de mal-logement, de nature un peu différente mais liée à la territorialité, est la concentration de population dans des quartiers populaires à l’extérieur des villes, ce qu’on va appeler des « cités » ou des « quartiers ». C’est une mise à l’écart, dans des quartiers aux loyers moins chers, des populations aux ressources plus faibles, ce qui peut rendre difficile la vie au quotidien et l’avenir, dans des territoires souvent dénigrés et où les communes manquent de moyens.

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