Fin janvier, les habitants de la favela de Babilonia dans la zone sud de Rio de Janeiro ont inauguré l’installation de panneaux solaires photovoltaïques. Un projet unique rendu possible grâce au travail de nombreux volontaires.

A l’origine du projet, Pol Dhuyvetter, 53 ans, arrivé au Brésil il y a près de 7 ans et installé depuis 4 ans dans cette favela. Dans son pays natal, la Belgique, il est membre d’Ecopower, une coopérative active sur le marché des énergies renouvelables. En 2015, Pol fonde Revolusolar, une association à but non lucratif, créée pour promouvoir la transition énergétique. Elle œuvre pour la mise en place de panneaux photovoltaïques, en réponse à l’augmentation des prix de l’électricité. A Rio de Janeiro, ville hôte des Jeux Olympiques d’été 2016, les prix ont presque doublé depuis deux ans, passant de 0,48 Réais (R$)/ kWh en janvier 2014, pour atteindre 0,90 R$/kWh en janvier 2016.

Les douze premiers panneaux ont été posés sur le toit du bar et restaurant « Estrelas da Babilonia » et sur celui de l’auberge « Babilonia Rio Hostel », gérés par Pol. L’objectif pour l’année 2016 ? Qu’au moins 1% des résidences soient équipées de panneaux, sachant que cette favela compte un peu plus de 1000 maisons.

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A Droite, Pol Dhuyvetter, propriétaire des lieux pose fièrement devant ce qui deviendra, il l’espère, l’énergie de demain. Crédit : Estrelas de Babilonia

 

Des bénéfices non négligeables

Revolusar souhaite aussi informer et éduquer les populations locales sur les bénéfices sociaux, économiques et environnementaux apportés par l’énergie solaire. Selon les bénévoles de l’association, le retour sur investissement sera atteint d’ici 6 ans, après quoi, la lumière générée par les panneaux solaires sera gratuite pendant au minimum 19 ans.

Pol estime que son hôtel consomme par mois près de 1000 R$ d’énergie, soit près de 225 euros. Avec un budget de 21 000 R$, l’équivalent de 4690 euros, il a acheté et installé 12 panneaux.

Pour le président et propriétaire, l’énergie solaire ne va pas seulement résoudre les problèmes financiers causés par des coûts élevés pour les foyers à bas revenus, mais aussi permettre aux personnes qui souffrent d’exclusion sociale de devenir des producteurs de lumières. Il espère que son expérience va servir d’exemple aux habitants de Babilonia. Ne dit-on pas, doucement mais sûrement. Certaines familles ont d’ailleurs déjà fait part de leur désir d’acquérir des panneaux.

De nombreux partenaires

Avec un nombre croissant de foyers intéressés par le projet, Revolusolar espère devenir la première coopérative de production d’énergie renouvelable au Brésil. L’association a déjà reçu le soutien de l’Organisation des Coopératives du Brésil (OCB), de la Fondation Heinrich Böll, affiliée au Parti Les Verts, ou encore de l’ONG Via Rio qui encourage l’inclusion sociale et la formulation de politiques publiques. Cette dernière, étudie la possibilité d’installer des panneaux solaires dans la Clinique, et au siège de l’association des habitants de la favela de Babilonia.

Ces installations ont également été rendues possible grâce à un programme de micro-crédit. L’Agence Etatique pour le développement (AgeRIO) a par exemple, financé à hauteur de 15 000 R$ soit près de 3405 euros à la communauté, avec des intérêts à 0,25% par mois. Les habitants ont deux ans pour s’acquitter du prêt, un délai jugé trop court aux vues des conditions de vie dans la favela. Une requête est actuellement engagée pour allonger l’échéance à 4 ou 5 ans.

Le Brésil n’utilise pas encore le solaire comme première source d’énergie. En novembre 2015, l’Agence Nationale d’Energie Electrique (ANEEL) comptait moins de 1700 entités génératrices d’énergie solaire dans tout le pays. L’Etat de Rio de Janeiro possède seulement 203 installations, se classant second derrière l’Etat de Minas Gerais et ses 333 équipements.

Un secteur dans la controverse

Si certains soutiennent l’émergence d’une méthode prometteuse qui contribue à la transition énergétique, l’énergie photovoltaïque est, pour d’autres, loin d’avoir atteint la maturité technologique. Les lobbyistes sont pointés du doigt lorsqu’ils tentent d’éblouir les consommateurs avec des chiffres suggestifs, souvent mal interprétés. La théorie diffère souvent de la pratique. De nombreuses questions restent en suspens. A quel coût le soutien à l’énergie photovoltaïque est-il justifié ? Au-delà d’un certains nombres d’années, les rendements diminuent rapidement, et la productivité devient insuffisante pour subvenir aux besoins.

Sans concession, les opposants dénoncent une technologie onéreuse, à l’efficacité limitée, qui relève d’une imposture du développement durable. Contrairement au Brésil, dans les pays relativement nuageux comme peut l’être la France, l’énergie solaire doit être couplée à des centrales de réserve afin d’éviter d’épuiser d’être à court. Il n’en faut pas moins aux détracteurs de l’énergie solaire pour fustiger une technologie pas toujours écologique. Pour les partisans de l’énergie solaire, le miracle des énergies vertes est encore possible. Ultime argument avancé : l’énergie solaire reste une alternative préférable au nucléaire.