L’approche décroissante, de manière générale, pose question. La notion est vague et sujette à caution. N’est-elle pas pessimiste ? Peut-elle être une fin en soi ? Économiste, Pierre-Jean Cottalorda préfère lui parler d’une « économie relationnelle », fondée sur la qualité des liens personnels et communautaires. Explications.

La nécessaire décroissance du PIB

Pour les mêmes raisons que son inverse néolibéral, utilitariste et techniciste, le concept de décroissance peut être ambivalent. Il pourrait notamment être compris comme un anti-humanisme pessimiste. Sans aller jusque-là, j’avance l’idée selon laquelle il implique un positionnement peu engageant et qui, en restant un point d’attention légitime, ne doit pas être un horizon en tant que tel. La recherche de la « vie bonne » implique l’expérimentation et la découverte de modes d’organisation collectifs souhaitables. J’esquisse ici les contours d’un tel cadre – l’économie relationnelle – dont le coeur consiste en la réappropriation de la sphère économique par les sphères politique et éthique.

Entendu de manière technique, le concept de décroissance est extrêmement cohérent. Le PIB, indicateur agrégé des comptes nationaux créé par Simon Kuznets dans les années 1930, a surtout été utilisé après-guerre comme mesure de la reconstruction, d’où l’importance de sa croissance. Ce n’est que dans les années 1980 et le tournant libéral, que son usage s’étend : on ne parle plus de « croissance du PIB », mais uniquement de « croissance ». Le PIB et la somme des valeurs ajoutées qui le composent sont absolutisés ; leur croissance devient un dogme.

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