En Vendée, une association d’économie solidaire baptisée ESNOV (pour Economie Solidaire dans le Nord Ouest Vendéen) accompagne des chercheurs d’emploi de longue durée. Entre potager médiéval inspiré d’Hildegarde et entretien des marais salants, cette entreprise solidaire lutte contre la tertiairisation de l’économie et la fabrication de bullshit jobs.

Noirmoutier, loin des souvenirs d’enfance

« La philosophie de notre action, c’est bien de dire qu’avant tout, le travail requi­ert une prise en compte de la dignité de la personne. Alors après, on peut le pren­dre dans un sens chrétien ou non, mais voilà, ce sera toujours le but. » lance Paul de Rugy, vice-président de l’association Economie Solidaire dans le Nord Ouest Vendéen, ESNOV.

ESNOV a été lancée il y a une ving­taine d’années à l’initiative d’un groupe de chômeurs souhaitant unir leurs efforts pour rompre avec leur situation de pré­carité. Rapidement se crée une association intermédiaire permettant aux personnes au chômage d’exercer des missions ou des travaux temporaires. Avec le temps, l’association a élargi son activité, et surtout, le champ des personnes qu’elle souhaite aider à se réinsérer. Aujourd’hui, ESNOV, à travers ses différents pôles, accueille aussi bien des chômeurs de longue durée, que des « cabossés de la vie », hommes ou femmes de la rue, anciens drogués, mar­ginaux, ou tout simplement des personnes souhaitant quitter la précarité en se for­mant à de nouveaux métiers.

Dans le cadre d’un Programme d’Ambition Collective des Territoires (PACT) visant à renforcer la collaboration entre les entreprises, les associations et les communes, ESNOV a récemment mis en place un premier chantier d’insertion sur l’Ile de Noirmoutier. Pourquoi une île ? Du fait de l’espace restreint et limité, « La conscience de soi y est plus forte. Le lien social aussi », explique Paul de Rugy, ce qui encourage la cohésion des chercheurs d’emploi. Ah oui, parce que chez ESNOV, on ne parle pas de demandeurs mais bien de chercheurs d’emploi. « C’est un choix sémantique », mais non moins symbolique. « L’idée c’est de les impliquer, de les valo­riser », et dans l’association cela passe non seulement par le regard, mais également par les mots que l’on choisit de poser sur le vécu des personnes accueillies. Refuser le terme de demandeurs d’emploi, c’est enfin, d’une certaine manière, contester la logique marchande selon laquelle la définition du travail se réduirait à la simple rencontre mécanique d’une offre et d’une demande.

À Noirmoutier, les activités de réin­sertion proposées sont aussi variées qu’écologiques : entretien des digues et des marais salants – encore largement sous-exploités sur l’ensemble de l’île – recyclage et confection de meubles à partir de pa-lettes de bois, aide à la personne… Inédit et surprenant, les membres de l’association sont également amenés à cultiver et prendre soin d’un potager médiéval, reconstitué à partir de la lecture de vieux grimoires et d’écrits d’Hildegarde de Bin­gen. Les équipes de travail sont savamment pensées, mélangeant personnes en grande fragilité et chercheurs d’emploi plus auto­nomes ; il s’agit de favoriser l’entraide et la responsabilisation, « un peu comme dans un groupe scout ».

Ces activités rencontrent un réel suc­cès, si bien que Paul de Rugy s’inquiète en souriant, « ça leur plaît tellement, ils risquent de n’avoir plus envie de partir ! Tant mieux, mais nous ne sommes qu’un chantier de réinsertion… »

Pas de Brown-out à Noirmout’

Nicolas Hamm, président de l’association, confie pourtant : « en arrivant dans l’association j’ai fait l’expérience d’un taux d’absentéisme très important de la part des chercheurs d’emploi. Or, le taux d’absentéisme, qu’est-ce-que c’est ?

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